L’anxiété reconnue

Pendant 21 ans, de 1972 à 1993, une fonctionnaire avait passé ses journées dans des bureaux au Tripode, cette tour bourrée d’amiante, où ont travaillé des agents des affaires étrangères, du Trésor public et de l’Insee.

Elle a respiré des poussières d’amiante et vu des collègues en mourir. Elle demandait l’indemnisation de son préjudice d’anxiété. Elle a gagné.

L’Etat condamné

L’intersyndicale des amiantés du Tripode souligne que « la Cour administrative d’appel de Nantes a retenu la double faute de l’État en tant qu’employeur public et comme législateur à l’égard de ses salariés agents de l’État.

La Cour a fixé à 9000 euros le montant de l’indemnisation que devra verser l’administration à notre collègue. Cette reconnaissance ne supprimera pas l’anxiété qu’elle ressent. comme nous, à chaque toux, fièvre, malaise, difficulté respiratoire. Mais cette indemnisation est un témoignage que la Justice refuse de cautionner notre empoisonnement par l’amiante durant 20 ans, sans aucune mesure de protection.
Aujourd’hui nous pensons très fort à nos collègues décédés prématurément ou malades... »

«   C’est beaucoup d’émotion après toutes ces années de lutte », a dit Francis Judas de l’intersyndicale.

« La justice a rétabli la vérité »

« Cette décision de la cour administrative d’appel concerne une personne. Quatorze autres demandes de reconnaissance de préjudice d’anxiété peuvent désormais être validées. Et plus encore puisque nous totalisons 180 demandes de préjudice d’anxiété »

Cette victoire est une reconnaissance.

L’inspection générale des affaires sociales (Igas) avait refusé d’inscrire le Tripode sur la liste ouvrant droit à une cessation anticipée d’activité amiante. « La décision de la cour administrative d’appel de Nantes rétablit la vérité, en reconnaissant la responsabilité de l’Etat », explique Francis Judas.