Patrick Hamon est le nouveau président de l’Addeva 44, l’association de l’Andeva qui compte le plus grand nombre d’adhérents. Il évoque ses combats pour la prévention du risque amiante sous tous ses aspects : la sécurité des chantiers de désamiantage, la gestion des déchets amiantés, ou le démantèlement des navires en fin de vie.

Comment cette histoire a-t-elle commencé ?

Des ouvriers de l’entreprise CDEC sont venus à la permanence de Châteaubriant. Ils ont dit qu’ils travaillaient sans protection et ont raconté les magouilles de leur patron.

Nous les avons aidés. L’affaire a pris de l’ampleur. Leur patron a été placé en garde à vue.

Pourquoi l’Addeva 44 et l’Andeva se sont-elles portées partie civile ?

C’est une affaire emblématique. L’enjeu est important pour les déchets amiante.

Dans le Sud-Ouest, beaucoup de bâtiments agricoles ont une toiture en fibrociment.

Une sanction exemplaire aurait un effet dissuasif : ceux qui seraient tentés d’imiter ce « patron-voyou » y réfléchiront à deux fois s’il est lourdement condamné. Une peine symbolique au contraire les encouragerait à multiplier les décharges sauvages.

Il y a aussi un enjeu pour les chantiers de désamiantage. La CDEC emportait des appels d’offre en cassant les prix. Cette affaire

invitera les propriétaires à davantage de discernement.

Que va-t-il se passer le 30 avril ?

L’affaire passera devant le tribunal correctionnel de Rennes.

Nous avons prévu de nous rassembler devant le Palais de Justice.  L’Addeva 44 enverra plusieurs cars. Nous souhaitons donner à cette manifestation une dimension régionale.

La prévention  tient une place plus importante dans l’activité de votre association.

Oui, nous avons engagé une réflexion sur ce sujet.

Nous avons participé aux deux journées de formation de l’Andeva. Des groupes de travail sur la prévention sont créés.

Les chantiers de désamiantage dans les écoles, les HLM, les hôpitaux ou les navires sont l’objet de batailles médiatiques.

En novembre dernier, nous avons été informés par la presse qu’une filière de démantèlement de bateaux pourrait voir le jour sur le Port autonome de Nantes-Saint-Nazaire.  Roland Hottelard, notre vice-président a transmis à l’inspection du travail nos trois exigences : la protection des salariés et de l’environnement, le stockage protégé des déchets, la transformation des déchets en matériau inerte par vitrification. Il a aussi a aussi écrit au Président du Port autonome au sujet du
« Zortürk », un bateau turc bourré d’amiante, en cale à Penhoët-Saint-Nazaire :

« L’enfouissement est la solution la moins chère, mais ce ne serait pas l’idéal pour la protection des générations futures. Nous renouvelons notre demande que les déchets de ce bateau soient éliminés par incinération et vitrification qui les rendront inoffensifs et broyés en granulats pour une autre vie... »

Un rendez-vous en urgence a été demandé au sous-préfet.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°48 (avril 2015)