Un cancer fréquent et meurtrier

Le cancer du côlon-rectum est fréquent et meurtrier. Avec environ 42 100 nouveaux cas par an (données 2012), il est au troisième rang des cancers chez l’homme
(11,6 %) et au deuxième rang chez la femme (12,2 %). Environ 17 700 personnes meurent chaque année de ce cancer. Il est un peu plus fréquent chez l’homme que chez la femme, avec un âge médian de survenue chez l’homme de 71 ans contre 75 ans chez la femme. Le nombre de nouveaux cas a augmenté ces dernières décennies.

Dans 90 % des cas, il s’agit d’un adénocarcinome et sa survenue est précédée par l’existence d’un adénome (ou polype) dont la présence peut
se signaler par des saignements dans les selles qui permettant un dépistage précoce.

L’impact des habitudes alimentaires

S’il existe des prédispositions génétiques dans certains cas (syndrome de Lynch, polypose adénomateuse familiale), la majorité des cas surviennent sans prédisposition génétique, souvent dans un contexte d’habitudes alimentaires faites d’aliments riches en graisses et en protéines animales et pauvres en fruits et légumes.

La disparité géographique confirme l’impact de l’alimentation. Il y a par exemple 3,3 nouveaux cas  pour 100 000 habitants en Inde contre 49,9 nouveaux cas pour 100 000 habitants dans le Bas-Rhin.

Les facteurs professionnels

Il n’en demeure pas moins qu’ont été identifiés des facteurs de risques professionnels, même si la communauté médicale reste hermétique aux données de la littérature, notamment les membres des CRRMP.

Le CIRC est formel concernant l’amiante et estime qu’il existe une association positive entre l’exposition à l’amiante et le cancer colo-rectal, retrouvée constamment dans les différentes études, avec mise évidence fréquemment d’une relation dose-effet.

La notion de relation dose-effet signifie que le risque de survenue du cancer colo-rectal augmente en fonction de l’importance et de la durée de l’exposition à l’amiante, cette augmentation étant constatée aussi bien chez les individus que dans une population de salariés exposés.

Une étude parue il y a plus d’une vingtaine d’années, basée sur une analyse fine des tissus a démontré que l’on retrouvait des fibres d’amiante dans les parois du colon, notamment au niveau de la tumeur. Cette constatation aurait pu déboucher sur une recherche systématique de fibres d’amiante sur la pièce opératoire chez les salariés atteints de cancer colo-rectal, mais les services spécialisés dans ce type de recherche ont déclaré forfait.

Malgré les difficultés, il est important de ne pas renoncer à déclarer le cancer colorectal en maladie professionnelle, chaque fois que l’on dispose d’éléments susceptibles de valider une origine professionnelle, tels que :

- l’exposition importante aux fibres d’amiante sur le lieu de travail,

- des collègues ayant la même pathologie,

- la présence d’une pathologie pulmonaire ou pleurale associée (notamment de plaques pleurales).

- l’existence d’autres facteurs de risque professionnels (notamment l’exposition aux huiles et graisses) pour faire valoir une multi-exposition,

- l’absence d’antécédents familiaux,

Pour cette pathologie, le nombre de cas reconnus est très faible, mais il n’est pas nul. Il faut donc persévérer.

Docteur Lucien PRIVET


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°48 (avril 2015)