Le chantage nauséabond du nouveau PDG

Timothy Gollin, PDG de PHP, le fonds d’investiments américain qui reprend la verrerie Arc International, a fêté son arrivée en mettant la baïonnette dans le dos des syndicats. Ils demandaient le classement de l’établissement en site «  amiante ». Il leur a fait savoir qu’il ne reprendrait l’usine que s’ils renonçaient à cette demande.

Engagez-vous à renoncer !

 « On a demandé aux syndicats de renoncer à faire un recours en cas de décision négative de la part de l’État », explique-t-il sans état d’âme dans une interview à la Voix du Nord.

Proposer à des salariés exposés à l’amiante, sous la double menace du chômage et de la maladie, de troquer le maintien d’une partie des emplois contre l’abandon du droit à réparation de leurs préjudices, il fallait oser !

Le PDG explique que le classement de l’établissement « ne se justifiait pas sur un plan sanitaire » car il n’a pas « un taux significatif d’exposition à l’amiante.»

« Tout le personnel aurait pu demander le préjudice d’anxiété »

Mais il ne tarde pas à avouer la vraie raison de sa demande :
« Il y avait aussi un très gros risque financier. Tout le personnel aurait pu demander un préjudice d’anxiété. Potentiellement, dix mille personnes auraient pu obtenir entre 10 000 euros et
15 000 euros. Cent millions d’euros à débourser, pour une société en difficulté, ce n’était clairement pas envisageable. »

« On autorise les syndicats à assister les malades »

Timothy Gollin est confiant : « Il est extrêmement probable que l’État statue de manière négative, selon nous. »  Un pronostic qui permet de penser qu’il a déjà pris des garanties  à ce sujet auprès des pouvoirs publics...

Grand seigneur, il ajoute : « On autorise bien évidemment les syndicats à assister les gens qui sont réellement malades, car chaque année il y a effectivement quelques cas de maladies déclarées qui relèvent de l’amiante. »

On croit rêver !  Dans cette entreprise qui - selon lui -  « n’a pas un taux d’exposition significatif à l’amiante », il y a « chaque année » de nouvelles victimes.  Heureusement, son PDG, dans son infinie bonté, « autorise » les syndicats à leur porter assistance. Sans doute ignoraient-ils qu’il fallait lui demander l’autorisation...


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°48 (avril 2015)