L’Andeva lui demande  de faire évacuer la Tour pour un désamiantage complet.  Il répond que tout va bien dans le meilleur des mondes possibles.

Les travaux réglementaires de désamiantage auraient dû s’achever en 2006.

Ils ont été deux fois prorogés de trois ans par des arrêtés préfectoraux et ne sont toujours pas terminés.

Depuis dix ans, sous l’œil bienveillant du préfet, les copropriétaires font une gestion chaotique du problème de l’amiante mettant en péril les occupants  et les intervenants.

Plutôt que d'évacuer la Tour et de la désamianter totalement, ils ont choisi de faire les travaux par petits bouts, pour réduire les pertes de loyers liées à l'immobilisation des locaux lors des travaux.  Dès 2006, un rapport de SETEC / Technip les avait pourtant mis en garde, soulignant que ce scénario créerait « un risque sanitaire certain » et ne permettrait qu'un
« désamiantage partiel ».

Les résultats de ce choix étaient prévisibles : 

- des pollutions en série  : 72 dépassements du seuil réglementaire de 5 fibres par litre entre 2009 et 2013 !

- un désamiantage incomplet des zones traitées :  le DTA note  que des « résidus de projections anciennes amiantées (flocage, Progypsol) ont été constatés » sur les parties difficilement accessibles. D’où un risque persistant  pour les travaux d'entretien ou de maintenance …

Le préfet s’est contenté de noter les multiples infractions à la réglementation sans jamais prendre de sanction dissuasive.

Son arrêté du 13 août 2013 demandait aux copropriétaires de prendre des « mesures de prévention adaptées ». Qu’a-t-il fait pour faire respecter cette belle préconisation ?

L’Andeva lui a écrit le 12 mars pour lui demander d’ordonner l’évacuation de la Tour et son désamiantage complet. Il a répondu le jour même par un communiqué disant que la situation était « sous contrôle ».... C’est évidemment faux !

Les délais d’application des mesures d’urgence de l’arrêté de mai 2014 ne sont pas respectés :

- Les matériaux amiantés dégradés devaient être traités en 6 mois. 10 mois plus tard, le travail n’est pas terminé.

- Les gaines polluées par l’amiante devaient être assainies en 9 mois. Et 10 mois après, le travail n‘a pas été fait et n’est pas prêt de l’être.

Quelles sanctions le préfet a-t-il pris ? A ce jour aucune.

Il dit avoir demandé que « les résidus amiantés repérés par le DTA dans les gaines de désenfumage […] soient retirés sous un mois ».  Mais personne ne sait comment réaliser techniquement un tel nettoyage en site occupé !

Le préfet ne peut ignorer que l’« expert » au service des copropriétaires a diffusé de fausses informations en écrivant dans son rapport que les gaines de désenfumage ne contenaient pas d’amiante.  Mais il continue de se reposer sur ses recommandations, au lieu d’exiger la nomination d’un expert indépendant, prévue par le code de santé publique. Sa responsabilité est donc engagée.


L’Andeva maintient ses demandes : évacuation totale de la Tour, désamiantage complet, nomination d’un expert indépendant. 

Ce que nous dit le D.T.A.

Le dossier technique amiante (DTA) remis au préfet le 24 février révèle, en divers endroits, la présence d’amiante qui n’avait pas été repérés auparavant (matériaux et pollution résiduelle après des désamiantages incomplets).

Les copropriétaires mentent, en prétendant que ce DTA n’apporte « aucun élément nouveau ». C’est faux ! La présence d’enduit projeté amianté dans les gaines de désenfumage n’était pas dans les versions précédentes du DTA.

Or elle rend impossible un désamiantage, de ces gaines, sans évacuation des usagers de la Tour.

La sécurité incendie est compromise. Le DTA signale « un risque de libération de fibres d’amiante en cas de déclenchement des volets coupe-feu des gaines de soufflage et de désenfumage ».

Les essais mensuels du système ne sont plus faits. Les moteurs de soufflage du désenfumage sont arrêtés, ce qui compromet la sécurité incendie de la Tour.


Article paru dans la Bulletin de l’Andeva n°48 (avril 2015)