Valentin Quadrone a été exposé à l’amiante de 1979 à 1987 dans la centrale EDF de Champagne-sur-Oise, puis sur le site de Saint-Leu d’Esserent. Atteint d’un cancer broncho-pulmonaire, il a fait reconnaître sa maladie puis engagé une action en faute inexcusable de l’employeur contre EDF.

Le Tass de Beauvais l’a débouté. Il ne s’est pas découragé et a fait appel. En avril, le jour de l’audience, son association, l’Advasum, et son organisation syndicale, la CGT, étaient à ses côtés. Le 16 juin, la Cour d’appel d’Amiens lui a donné gain de cause. Il tire les leçons de ce combat.

« Certains de mes ex-collègues sont décédés, d’autres sont très malades. EDF connaissait le danger. Il faut que cela se sache »

Quand as-tu appris que tu avais un cancer de l’amiante ?

Le diagnostic a été posé en 2009. J’ai été opéré puis j’ai suivi un traitement avec chimio et radiothérapie en 2010.

Pourquoi avoir engagé une action en faute inexcusable de l’employeur ?

Ma situation est la même que celle de beaucoup de collègues : EDF nous a exposés à l’amiante en toute connaissance des dangers. Certains en sont décédés, d’autres sont malades. Il faut que cela se sache. Après avoir été reconnus en maladie professionnelle, des collègues ont souvent eu recours au FIVA pour être indemnisés de leurs préjudices. D’autres, comme moi, ont préféré poursuivre l’entreprise en justice et la faire condamner pour manquement à son obligation de protéger la sécurité et la santé de son personnel.

As-tu rencontré des obstacles ?

Oui, le Tass de Beauvais m’a abusivement débouté. Mais j’ai saisi la Cour d’appel d’Amiens qui a condamné EDF.

Je n’ai jamais conçu cette action comme le combat personnel de David contre Goliath. C’est une démarche collective qui a été menée, avec le soutien des mes collègues de la CGT et de mes amis de l’association Advasum et de l’Andeva.

Ce que j’ai voulu mettre en avant, c’est la solidarité entre toutes les victimes de l’amiante.

Comment s’est exprimée cette solidarité ?

Le jour de l’audience, une trentaine de personnes étaient au bas de l’escalier du Palais de justice et une vingtaine dans la salle. Cette présence a été remarquée par le juge rapporteur. Elle a déstabilisé l’avocate d’EDF et réconforté la nôtre.

Et maintenant ?

L’arrêt de la Cour d’appel d’Amiens est une belle victoire, mais la lutte continue. Il y aura malheureusement d’autres victimes à l’EDF et ailleurs. Elles pourront compter sur notre mobilisation associative et syndicale pour continuer à nous opposer au lobby de l’amiante et défendre l’intérêt des victimes et de leur famille.


Articles tirés du Bulletin de l’Andeva N°49 (septembre 2015)