L’exhaustivité est loin d’être atteinte
Depuis 2012, tout médecin (pathologiste ou clinicien) exerçant en France et posant un diagnostic de mésothéliome doit le déclarer à l’Agence régionale de santé (ARS) de son lieu d’exercice.
Cette déclaration obligatoire (DO) a pour but d’améliorer la connaissance et la prise en charge de cette pathologie.
Le bilan 2012-2018 confirme l’intérêt de ce dispositif. Mais l’exhaustivité du signalement est loin d’être atteinte 1.
Le nombre de DO est même en régression depuis trois ans, alors que l’incidence du mésothéliome augmente 2 !
On enregistre un mésothéliome de deux façons :
- par le PNSM (programme national de surveillance des mésothéliomes) qui tend à l’exhaustivité des cas mais n’existe que dans 21 départements,
- par la D.O. (déclaration obligatoire par les médecins), qui concerne toute la France mais dont le taux d’exhaustivé est faible.
Il est prévu de regrouper les deux dans une structure unique : le DNSM.
Une étude parue en avril 2020 dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH). 2 tire le bilan des DO de 2012 à 2018.
Des données intéressantes
« 4 546 cas de mésothéliomes diagnostiqués entre 2012 et 2018 ont été notifiés jusqu’au 10 octobre 2019 (...) 4 062 étaient localisés sur la plèvre (89%), 357 au niveau du péritoine (8%), 13 sur le péricarde et 12 sur la vaginale testiculaire. Pour 19 patients, on notait une double localisation sur la plèvre et le péritoine et, pour 11, une double localisation sur la plèvre et le péricarde ».
« Parmi les patients atteints d’un mésothéliome, la proportion d’hommes était de 73% pour la plèvre et de 53% pour le péritoine.
La moyenne d’âge au diagnostic était de 74 ans pour les patients atteints d’un mésothéliome de la plèvre et de 65 ans pour ceux ayant un mésothéliome du péritoine. »
Une exhaustivité insuffisante
Sur la période 2013-2016, l’incidence du mésothéliome estimée par Santé publique France d’après les données du PNSM est de 1112 cas par an (801 hommes et 311 femmes) 2.
Or, en 2018, il n’y a eu que 527 DO pour cette pathologie. Moins d’un cas sur deux ! « Il est crucial d’améliorer l’exhaustivité de cette DO », estiment les auteures de l’étude qui préconisent une meilleure information des médecins, une simplification des procédures et un enregistrement systématique des expositions professionnelles.
1) Bilan de la déclaration obligatoire des mésothéliome : une exhaustivité à améliorer, par Dorothée Grange, Nathalie Bonnet, et Laurence Chérié-Challine (BEH, 28/04/2020).
2) 20 années de surveillance des cas de mésothéliomles (1998-1917) par Santé publique France (juin 2019)
Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°63 (juin 2020)