Pascal Canu est président de l’Adeva Cherbourg, l’une des plus anciennes et plus importantes associations de l’Andeva. Il explique comment elle a continué à défendre les victimes de l’amiante malgré les difficultés du confinement. L’interview a eu lieu le 19 mai. à cette date, le local de l’association était fermé. La situation peut avoir changé depuis...

Peux-tu présenter l’association dont tu es président ?

Pascal Canu - L’Adeva Cherbourg compte plus de 1500 adhérents. Elle a connu une progression continue depuis cinq ou six ans. Elle a deux secrétaires salariées, une à temps plein, l’autre à mi-temps, et une solide équipe de bénévoles. Nous sommes logés à Octeville, dans des locaux mis à notre disposition par la mairie.

Quelles mesures avez-vous prises face à la pandémie de Coronavirus ?

Nous avons fermé les locaux au public dès le 14 mars.  Nos secrétaires sont venues mettre nos installations en sécurité et récupérer les ordinateurs portables de l’association. Puis elles ont continué leur activité chez elles, en télétravail. Il n’y a qu’un passage par semaine au local pour récupérer le courrier.

Dès la fin du mois de mars un fonctionnement régulier par visioconférences s’est mis en place : tous les lundis matins pour faire le point sur les dossiers importants, tous les premiers lundis du mois pour réunir la direction de l’association.

Comment garder  le lien avec les victimes et les familles ?

Sur la porte du local, nous avons mis une affiche avec les moyens de joindre l’Adeva par mail ou téléphone. Nous avons passé deux communiqués dans la presse locale disant qu’il n’y avait pas de rendez-vous dans l’immédiat, mais que l’Adeva Cherbourg continuait ses activités. Nous avons aussi envoyé des messages à tous les adhérents dont nous avions l’addresse mail.

Comment mettre en oeuvre les « gestes barrières » pour assurer une protection contre la propagation du virus ?

Il a fallu changer nos habitudes. Avant la crise sanitaire, tous les lundis après-midi, une quinzaine de bénévoles se retrouvaient pour travailler sur les dossiers. On ne pouvait continuer ainsi. Les échanges se font aujourd’hui par mail, téléphone et visioconférences. Nous sommes dans une région qui a été très touchée par l’amiante, mais qui est, à ce jour, peu touchée par le Covid-19.

Comment voyez-vous le déconfinement ?

Nous serons très très prudents. Beaucoup de nos adhérents sont assez âgés et déjà fragilisés par une maladie pulmonaire. Pour eux, le risque de conséquences graves en cas d’infection est plus élevé.

Nous avons décidé, pour le moment, de ne pas rouvrir les permanences au public Nous avons acheté des bouteilles de gel hydroalcoolique, des masques et des gants. Nous avons aussi commandé  des hygiaphones en plexiglas pour assurer une protection par une barrière physique lors des entretiens.

Mais le déconfinement  nous pose des problèmes particuliers. Notre local est petit. Il sera difficile de faire respecter la distanciation. Nous étudions la possibilité de recevoir sur rendez-vous et d’obtenir une salle supplémentaire pour la période de circulation du virus.  Il faudra définir des règles de vie en commun : aérer régulièrement les pièces durant 15 minutes, désinfecter les parties communes (toilettes, copieur). Il est possible que dans un premier temps, le local ne soit réouvert qu’aux bénévoles. Dans l’immédiat, aucune date n’a été fixée pour la réouverture de nos permanences. Notre première préoccupation, c’est la santé de nos adhérents.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°63 (juin 2020)