Pierre Bernardini fut un des piliers de l’Addeva 93 et du groupe Prévention de l’Andeva. Il fut aussi administrateur de l’association nationale de 2012 à 2016. Il nous a quittés dans la nuit du mercredi 15 au jeudi 16 novembre à la suite d’une douloureuse maladie. Une cérémonie a eu lieu le mercredi 22 novembre au crématorium du Mont Valérien, près de Nanterre (92), devant une très nombreuse assistance.

Mais Pierre, ou « Pierrot » comme l’appelaient et l’appellent encore tous ses amis, avait fait beaucoup d’autres choses durant son parcours de vie. Sa lutte contre l’amiante fut l'un de ses multiples combats.

Pierre a fait toute sa carrière à la régie Renault où son franc parler et son militantisme ont laissé des souvenirs vivaces et ont suscité bien des vocations parmi ses jeunes collègues. Il serait trop long d’évoquer ici tous les combats qu’il y a menés. Certains se souviennent encore du plus spectaculaire d’entre eux , lorsqu’il se cacha dans le château d’eau voisin pour y grimper à l’aide de cordes à la nuit tombée et, ainsi suspendu à plusieurs dizaines de mètres de haut, peignit sur la façade incurvée un slogan contre la guerre au Vietnam en lettres géantes. On raconte que les dirigeants de la régie d’alors n’avaient pas davantage goûté le message qu’apprécié l’exploit sportif.

Moins acrobatique mais tout aussi marquant, c’est lui qui fut à l’origine de la toute première condamnation de Renault en Faute inexcusable de l’employeur grâce à sa défense du dossier « amiante » de son collègue Dominique D’Almeida, autre ancien de l’Addeva 93.

Le sport fut une autre grande passion de Pierrot. Nous avons déjà parlé de ses qualités d’alpiniste militant mais beaucoup ignorent qu’il s’était mis au marathon à 50 ans passés, passion qui le poussa à s’envoler pour New York quelques années plus tard pour participer au plus célèbre d’entre tous. Puis, la simple course à pieds ne lui suffisant plus, il se dirigea plus tard vers le triathlon, discipline parmi les plus exigeantes dont il devint arbitre.

Pierre fut également très actif au sein de l’amicale des HLM de Nanterre ou son intransigeance, notamment sur les questions d’amiante, lui valut d’être mis à l’écart. Sa revanche n’en fut que plus douce lorsqu’il en redevint le président quelques années plus tard au terme d’un heureux concours de circonstances. C’est cette expérience dans le domaine de l’amiante dans l’habitat public qui en fit l’un des piliers du groupe prévention de l’Andeva. C’est toujours à lui que nous faisions appel lorsque un problème de ce type nous était posé et de nombreux locataires lui en sont encore reconnaissants.

Il nous manquera beaucoup.

Voici le texte lu par son ami Henri Boumandil, secrétaire de l'Addeva 93, lors de ses obsèques.

 

Oraison funèbre pour Pierrot

 

"Pierrot n'aimait pas l'injustice. D'où qu'elle vienne. Il la combattait avec un acharnement qui lui était propre.

Et il trouvait toujours le moyen de réussir, quelques soient les obstacles à franchir ou les difficultés rencontrées.

Il n'avait peur de rien. Encore moins de ceux qui lui barraient la route. Il était toujours prêt à rendre service par tous les moyens.

Actif, chaleureux, droit dans ses convictions, c'était l'homme de confiance sur lequel on pouvait toujours compter.

Il était attentif aux problèmes des autres, sensible, consciencieux, à l'écoute de son entourage, dans le domaine de la santé, du mal être au travail, du mal vivre dans la vie de tous les jours.

 

Au milieu de ses préoccupations il avait aussi le "mot pour rire", une anecdote à raconter. Jamais le dernier à plaisanter.

Il aimait la nature, le calme, le silence, le chant des oiseaux qu'il retrouvait dans sa maison de Bretagne à Dolo où il allait se ressourcer tous les ans.

Le syndicalisme a occupé une grande part de son temps.

C'était un défenseur infatigable des travailleurs dont ceux de Renault Billancourt.

Il a été le premier à dénoncer la présence d'amiante à l'usine face à une direction qui niait ces faits et attachait peu d'importance à ce syndicaliste.

 

Mais Pierrot était coriace et dangereux: Il traîna la direction de Renault devant les tribunaux et la fit condamner en faute inexcusable pour avoir exposé les travailleurs à l'amiante sans aucune protection.

Pierrot a aussi mené un combat opiniâtre contre la direction des HLM à cause de la présence d'amiante dans les appartements et face à la désinvolture de ceux qui fermaient les yeux et laissaient les locataires continuer a inhaler les fibres mortelles d'amiante.

C'était tout ça le combat de Pierrot.

Un combat que l'on continuera pour défendre les valeurs auxquelles il était attaché: La Justice, la Solidarité, l'Espoir d'un monde meilleur.

 

Pierrot restera un exemple formidable pour ceux qui reprendront le flambeau de la lutte syndicale et associative.

C'est au nom de l'Association Départementale et Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante que ce soutien est apporté à Yvonne, son épouse, oh combien dévouée et courageuse, à sa famille, ses amis, ses camarades de lutte.

Pierrot laisse un vide immense pour tous ceux qui l'aimaient et partageaient son combat.

 

Henri Boumandil