Vingt-huit chanteurs ont enregistré une chanson qui raconte l’histoire d’une vie d’ouvrier brisée par l’amiante.
Elle sera diffusée à partir de la mi-septembre dans les réseaux sociaux sous la forme d’un clip de six
minutes avec une brève intervention de Pierre Pluta.


Philippe VERANE
«  Je voulais écrire un texte qui dise leur tristesse et leur colère »

«  Je suis personnellement touché par l’amiante explique Philippe Vérane, auteur de la chanson et maître d’oeuvre de ce projet peu commun. Mon papa est décédé en 2011.
J’avais déjà participé à des initiatives pour le Sidaction et l’association Opale autisme. Pour l’amiante, j’avais envie d’apporter mon aide, sans trop savoir comment au départ.
Je me suis renseigné sur les combats menés par l’Ardeva et l’Andeva. J’ai pris rendez-vous avec Pierre Pluta et des membres du CA de l’Ardeva. Je leur ai proposé d’écrire une chanson, de réunir le maximum d’artistes et de réaliser une vidéo. Ils ont tout de suite dit : oui.
Je les ai écoutés, j’ai pris de notes. Je voulais écrire un texte qui colle à ce qu’ils ressentaient, à leur tristesse, à leur colère, à leur envie de ne pas lâcher... J’ai mis ces émotions-là dans le texte, puis dans la musique.
La chanson raconte l’histoire d’un ouvrier qui voulait gagner sa vie et qui est mort empoisonné.
Après l’avoir finie, je suis parti à la rencontre des chanteurs Certains m’étaient connus, d’autres non. Je leur ai envoyé le texte en leur proposant d’en interpréter un passage.
Une trentaine d’entre eux ont donné leur accord. Ils sont venus de la région, mais aussi de Rouen, de Paris ou de Belgique pour l’enregistrer en studio. Leurs styles musicaux étaient divers : rock, variété, blues, rap ou chansons pour enfants... mais tous se sont investis.
Nous avons d’abord enregistré le son. Puis, pour tourner le clip ils ont une nouvelle fois chanté la chanson. Il y avait une ambiance très particulière dans le studio, intimiste, pleine de chaleur humaine ; je voulais que les mots prononcés soient ressentis, que ce passage de la peine à la colère soit intensément visible face à la caméra.
La chanson raconte une histoire individuelle ; mais je voulais aussi faire comprendre le sens d’un combat collectif. J’ai inséré, au milieu du clip, une courte intervention de Pierre Pluta, expliquant -  avec ses mots à lui - le sens du combat des victimes de l’amiante.


Pierre PLUTA
« La mobilisation de tous ces artistes fut une surprise et un réconfort »

« Ma première réaction quand Philippe nous a sollicités a été la surprise, explique Pierre Pluta.
Comment peut-on faire une chanson et un clip sur une association comme la nôtre où l’on parle de mort, de tristesse  ?
La discussion avec lui m’a convaincu. J’ai vu qu’il était touché personnellement et souhaitait aider le combat des victimes de l’amiante. J’ai soumis la proposition au conseil d’administration de l’Ardeva. Tous ont dit  : « Il faut le faire, cela aidera les victimes ».
Quand le texte de la chanson nous a été lu, en avril dernier, j’ai été très touché. Les mots choisis étaient si justes, si précis qu’ils nous ont émus.
Pour l’enregistrement en studio, une trentaine de chanteurs ont répondu présents, bénévolement, sans rien attendre en retour.
La mobilisation de tous ces jeunes artistes fut pour moi une surprise et un réconfort. J’ai hâte de les rencontrer pour les remercier.
J’espère maintenant que cette chanson fera réfléchir non seulement des gens de notre génération, mais aussi des jeunes d’aujourd’hui et de demain.
C’est une occasion de refaire parler de l’amiante encore et toujours.
C’est aussi un appel à continuer le combat pour les générations futures.
Il faut sanctionner les responsables de ces drames, leur montrer qu’il ne peut pas y avoir de « permis de tuer » dans notre pays ni dans aucun autre.
Si les responsables de tant de souffrances et tant de morts ne sont pas condamnés, demain ils pourront continuer à agir impunément.
 »


Comment voir ce clip ?

Le clip de six minutes avec la chanson et l’intervention de Pierre Pluta est édité par la société Orion Production. Il sera mis en ligne sur You Tube au cours de la deuxième quinzaine du mois de septembre. Le lien permettant de le visionner sera mis en ligne sur le site Internet de l’Andeva.


Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°46 (septembre 2014)