120 personnes ont participé à un repas convivial, dans une ambiance très chaleureuse où se mêlaient le plaisir de se retrouver, la fierté du travail accompli et l’émotion au souvenir des disparus.

Les 17 et 18 mai, l’Addeva Yonne, présidée en alternance depuis ses débuts par Patrick Thourigny et Ezzine Khalfaoui, a fêté ses dix ans d’existence. Pour l’occasion, une exposition relatant ses actions les plus significatives avait été installée dès le samedi dans la salle des fêtes.
Le dimanche, ce sont 120 adhérents et bénévoles qui sont venus célébrer l’évènement autour de quatre grandes tables.
Patrick et Ezzine avaient fait les choses en grand en agrémentant le repas d’un spectacle digne d’un cabaret parisien. Musiciens, magiciens et une danseuse orientale étaient au programme.
Parmi le public, de nombreuses veuves de l’amiante étaient venues exprimer leur reconnaissance et leur amitié envers ceux qui les ont soutenus et aidés dans leurs démarches.
Nous avons rencontré deux d’entre elles (leurs témoignages sont ci-dessous).


Marie-Odile : « Mon mari est décédé trois jours avant son passage au tribunal »

Marie-Odile Salkowski se souvient encore du moment précis où elle et son mari ont enfin appris la nature exacte de la maladie qui venait de frapper ce dernier. Comment l’oublier ? C’était la veille du mariage de leur fils.
Ce jour-là, tous les problèmes rencontrés par son mari depuis quelques années - difficultés respiratoires, mal de dos, fatigue anormale - ont finalement trouvé leur explication.
Henri était rentré à 14 ans à Pont-à-Mousson, ancien ZF Masson, comme apprenti ajusteur. L’usine a été classée en site amianté trois mois avant sa retraite. Entre les deux, des dizaines d’années de travail et d’innombrables fibres cancérogènes absorbées en toute ignorance.
Aussitôt averti de la cause de la redoutable maladie qui le frappait, Henri a entamé avec le soutien de l’Addeva une procédure en faute inexcusable de l’employeur.
Ayant perdu plus de vingt kilos en deux mois, Il est décédé trois jours avant la date de son passage au tribunal.


Marie-Christine : « J’ai connu l’Addeva par l’intermédiaire d’un ami »

Quand Gilbert Camarzana a commencé à se plaindre de douleurs dans le poumon, il n’a pas hésité à aller consulter un pneumologue.
Ce dernier n’a pas été long non plus à identifier la source de ses maux. L’amiante était responsable.
Il avait longtemps travaillé à la centrale de Nogent-sur-Marne où il effectuait divers travaux de maintenance ou de maçonnerie.
Il est décédé en 2010, deux jours avant une opération qui devait lui ôter une partie du poumon.
Il avait 69 ans.
Marie-Christine a connu l’Addeva 89 par l’intermédiaire d’un de ses amis qui travaillait chez EDF.
Il lui a fallu trois ans pour aller au bout de la procédure de reconnaissance.
A l’association dont elle est devenue proche, on loue sa patience et sa fidélité.


POUDRE D’AMIANTE ET LIVRE D’OR

Sur le livre d’or ouvert à l’entrée de la salle, on pouvait lire ceci :

« Quand on pense que c’est grâce à la poudre d’amiante qu’il y a ce livre d’or… N’est-il pas mieux d’avoir de la poudre d’or et pas de livre d’amiante ? C’est à nous rendre malade.
Bof, la poudre d’or, on l’a dans l’amitié et la solidarité. Ça, c’est un sacré pied de nez à perfide poussière d’amiante qui nous a bien malgré elle réunis.
  »
Signé : GAJ. JM

Des mots qui résument à merveille l’esprit qui a imprégné toute cette journée et qui continue à animer la vie de cette association pétrie de chaleur humaine.


Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°46 (septembre 2014)