14 000 survivants ont été frappés par des cancers

Il y a 18 ans, un attentat terroriste endeuillait New York. 3000 personnes tuées et 6000 blessées dans l’effondrement de deux tours jumelles de 400 mètres de haut percutées par les avions détournés par des terroristes. Un énorme nuage de poussières et de produits chimiques avait recouvert le quartier. 18 ans ont passé. On assiste aujourd’hui à une épidémie de cancers chez les rescapés de cette tragédie.

L’effondrement des deux tours du World Trade Center (WTC) a libéré dans l’air des quantités impressionnantes de fibres d’amiante, de dioxines et autres produits mutagènes, cancérogènes et toxiques pour la reproduction. Le nuage avait plané pendant plusieurs semaines sur le Sud de Manhattan.
En 2011, le gouvernement américain a mis en place un programme, le World Trade Center Health Program, pour soigner les populations impactées par ces attentats. Au 30 juin dernier, 95 000 personnes s’y étaient inscrites. Plus de 14 000 avaient eu un ou plusieurs cancers. 732 en étaient décédées. 13 300 vivaient encore.
Une liste officielle de 68 cancers potentiellement attribuables aux suites de cet attentat a été dressée par les autorités sanitaires. Les plus fréquents à ce jour sont (par ordre décroissant) les cancers de la peau, de la prostate, du sein et de l’utérus, les lymphomes, les cancers de la thyroïde, du poumon et des bronches, les leucémies, les cancers du rein, du côlon et du rectum, de la vessie, les myélomes, les cancers de l’oropharynx (voir les données statistiques sur le site https://www.cdc.gov/wtc/)
Il y avait dans ces tours jumelles, plusieurs centaines de tonnes de matériaux contenant de l’amiante. Vu l’importance du temps de latence entre l’exposition et la survenue d’une maladie liée à l’amiante (20, 30 voire 50 ans) on peut s’attendre à une montée en puissance des mésothéliomes et des cancers bronchopulmonaires dans les prochaines décennies.
« La cohorte que nous suivons est proportionnellement plus touchée par le cancer que la population générale et les malades sont plus jeunes, a souligné Michael Crane, responsable du programme. Dans le cas du 11 septembre, nous avons affaire à une combinaison sans précédent de produits cancérogènes comme l’amiante, les métaux, la fibre de verre, les carburants... Que se passe-t-il quand on mélange du benzène, qui entraine des leucémies, à de l’amiante ? Nous ne le savons pas.»
Les premiers touchés sont ceux qui sont intervenus sur le site du WTC juste après l’effondrement : pompiers, policiers, secouristes bénévoles... Dès 2011, une étude parue dans la revue scientifique The Lancet démontrait l’existence d’un risque accru de cancer dans cette population.
Le gouvernement américain a ratifié fin juillet une loi repoussant de 2020 à 2090 la date limite de dépôt des demandes auprès d’un fonds fédéral spécial d’indemnisation. Il sera régulièrement réapprovisionné, lorsque son enveloppe initiale (7,3 milliards de dollars) sera épuisée. Le Congrès a reconnu qu’il fallait pouvoir couvrir une personne qui était bébé (lors des attentats) jusqu’à la fin de sa vie.
De nombreuses procédures judiciaires ont été engagées. Il ne sera pas toujours facile de faire le lien entre un cancer et l’attentat pour obtenir réparation des préjudices subis. 

 

Article paru dans le Bulletin de l'Andeva n°62 (janvier 2020)