Une urgence sanitaire

« La situation est grave ». C’est par ces mots que commence le communiqué unitaire appelant à une conférence de presse le 26 novembre dernier (voir le texte ci-dessous). Il est signé par des organisations nationales représentatives des personnels de l’Éducation nationale, des associations de parents d’élèves, un syndicat de lycéens ainsi que des associations de victimes de l’amiante et du travail. Un tel éventail de signatures est inédit et prometteur.  Libération avait publié la veille une lettre ouverte au ministre de l’éducation nationale, signée des mêmes organisations qui réclament des mesures d’urgence pour protéger la santé des enfants et celle du personnel. 

La situation est grave. Des organisations nationales représentatives des personnels de l’Éducation nationale, des parents d’élèves et des lycéens ainsi que des associations de victimes de l’amiante écrivent ensemble au ministre de l’Éducation nationale pour réclamer des mesures d’urgence.

Des révélations s’enchaînent

Depuis l’enquête de Libération en mars 2019 « Amiante à l’école : une bombe sanitaire à retardement », les révélations et mobilisations s’enchaînent sur ce scandale sanitaire :
Selon Streetpress, plus de 450 écoles parisiennes pourraient encore contenir de l’amiante. Le Populaire du Centre montre que « 278 lycées sur 295 » de la région Nouvelle-Aquitaine seraient concernés.
Le CHSCT de Créteil organise une session extraordinaire consacrée à l’amiante. La CARSAT du Sud-Est ordonne l’arrêt du chantier du collège Versailles à Marseille. A Villeneuve-le-Roi des enseignants, des parents et une association de victimes portent plainte pour mise en danger d’autrui.

400 agents ont perdu la vie

En juin 2019, Santé Publique France publie une étude épidémiologique sur les années 1998 à 2017, selon laquelle : « Environ soixante cas par an de [personnes malades d’un] mésothéliome auraient exercé un emploi dans l’enseignement dont vingt auraient été exposés professionnellement à l’amiante dans ce même secteur. » On peut donc estimer que, sur cette période, au moins 400 agents de l’Éducation nationale ont perdu la vie en raison d’une exposition professionnelle à l’amiante. De nouvelles révélations publiées par Le Monde il y a quelques jours, montrent que l’état du diagnostic est catastrophique.

Des écoles« infestées d’amiante friable »

Près de la moitié des écoles maternelles et élémentaires françaises ne disposeraient pas d’un Dossier Technique Amiante (DTA), pourtant exigé par la loi. Selon le rapport des inspecteurs du travail consulté par Le Monde, les écoles « demeurent infestées d’amiante friable, susceptible de se retrouver dans l’air ». De plus, les agents des collectivités sont « très peu informés des risques amiante » et procèdent ainsi, dans les classes, au perçage de murs et à la pose de cloisons « sans aucun repérage préalable ». Interpellé à l’Assemblée nationale, le Ministre annonce en octobre 2018 la création d’une « cellule du bâti », sans autre quelconque précision de mission, de moyen ni de calendrier.

Nous ne pouvons plus attendre

Face à un tel risque, nous ne pouvons plus attendre et demandons au Ministère de l’Éducation nationale :
- La réalisation et la mise à jour des dossiers techniques amiante (DTA), réglementaires.
- La constitution d’une base de données lisible et consultable par tous, afin d’établir un état des lieux exhaustif de la présence d’amiante dans les établissements scolaires.
- Le repérage systématique avant travaux, y compris pour les travaux de maintenance.
- La formation au risque amiante des agents de maintenance et d’entretien, de l’ensemble des personnels, ainsi que l’information de l’ensemble des usagers.

LES SIGNATAIRES

FCPE, Ferc CGT, FSU, SUD Education Union syndicale Solidaires, UNL (Union nationale lycéenne), ANDEVA (Association nationale de défense des victimes de l’amiante), AVA (Association nationale des victimes de l’amiante et autres polluants), Association Henri Pézerat, Ban Asbestos France, CAAJ (Comité anti-amiante Jussieu), UAE (Urgence amiante écoles), USB (Urgence santé Brassens), Avalé 13 (Association des victimes de l’amiante dans les locaux de l’éducation des Bouches-du-Rhône).

Article paru dans le Bulletin de l'Andeva n°62 (janvier 2020)