Amiante en Quête de Justice est un reportage sur ceux qui espèrent encore un procès pénal de l’amiante à Condé-sur-Noireau. C’est Jean-Claude Barbé, vice-président de l’Aldeva Condé-Flers, 32 ans de travail dans les usines de Condé sur Noireau, qui a servi de grand témoin et de guide dans cette aventure. Le film présente de nombreux témoignages d’anciens des usines Férodo, Valéo et Honeywell. Il donne la parole aux avocats et à l’Andeva. Il a été diffusé sur France 3 Normandie. En attendant, espérons-le, une diffusion nationale.

Depuis 22 ans, les ouvriers de la « vallée de la mort » attendent un procès pénal qui ne vient pas. Philippe Pichon, réalisateur du film « L’amiante en quête de justice », est allé à leur rencontre.


Il a filmé les visages graves des participants à une assemblée générale de la Fnath. Il a accompagné Jean-Claude Barbé devant les grilles de l’usine qui a tué ses collègues de travail. Il a écouté Guy Cantimpre parler du travail sans protection dans la poussière et Daniel Lequest évoquer les souffrances de son épouse, emportée deux ans plus tôt par un mésothéliome.


Leurs témoignages sont terribles. « A aucun moment on nous a dit : Attention, ce produit est cancérogène », explique Daniel. « Le médecin du travail nous disait d’arrêter de fumer ! », Tous évoquent avec dégoût et colère le docteur Raffaelli, médecin du travail à Condé et membre assidu du CPA, d’abord mis en examen pour « non assistance à personne en danger », puis reconverti en simple témoin assisté par des juges d’instruction plus soucieux d’étouffer l’affaire que de rechercher la vérité.
Au cours de sa carrière, ce médecin a vu mourir des centaines d’ouvriers, mais n’a jamais donné l’alerte.


Philippe Pichon a également rencontré François Desriaux, vice-président de l’Andeva, ainsi que Michel Ledoux et Sylvie Topaloff qui suivent ce dossier depuis 22 ans. Chacun décortique minutieusement les mécanismes de ce scandale sanitaire. On les voit en réunion réfléchir ensemble à la stratégie judiciaire.


Des interviews de François Malye (auteur du livre Amiante, 100 000 morts à venir) et du docteur Jean-Michel Sterdyniak éclairent l’analyse de cette tragédie.


Les faits sont là : des industriels ont diffusé une propagande mensongère sur les bienfaits d’un produit qu’ils savaient mortel. L’État a laissé faire. Les victimes et les familles payent ces mensonges au prix fort. « On nous dit aujourd’hui qu’il n’y a aucun responsable, s’indigne Jean-Claude. Nous continuerons à demander justice. »


Le documentaire se termine par une visite des friches industrielles laissées à l’abandon par le pollueur. Le désamiantage risque d’ être payé par les contribuables.

 

Article paru dans le Bulletin de l'Andeva n°62 (janvier 2020)