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Il y a une douzaine d’années, Didier Lombard, PDG de France Télécom annonçait son objectif : se débarrasser de 22 000 personnes en trois ans. Il instaura une politique de management destructrice qui provoqua une vague de suicides. Le 20 décembre, le tribunal correctionnel de Paris a condamné pour harcèlement moral l’entreprise à 75 000 euros d’amende, 3 ex-dirigeants à 1 an de prison dont 4 mois fermes ainsi que 4 complices à 4 mois de prison avec sursis.

L’union syndicale Solidaires salue ce jugement : « Les 46 audiences de ce procès ont permis de regarder en détail ce qui s’est déroulé pendant les années 2006 à 2010 dans la machine managériale d’une société du Cac 40 ».

 
Elles ont montré, les menaces, les pressions et toute la mécanique globale mise en oeuvre « pour faire partir « par la porte ou par la fenêtre » plus de 22 000 salariés en 3 ans ». malgré les alertes des CHSCT et des médecins du travail.
Les parties civiles et les témoins, encore marqués par la brutalité des méthodes subies, ont pu « dire leur vérité devant le tribunal et devant les prévenus. »


Ces derniers ont esquivé leur responsabilité, osant même se présenter comme des « sauveurs de l’entreprise ».


Le verdict est exemplaire. Comme l’avait demandé dans sa plaidoirie Jean-Paul Teissonnière, « il indique bien de manière claire un interdit majeur, en condamnant Didier Lombard, Louis-Pierre Wenes et Didier Barberot à 1 année de prison, dont 8 mois avec sursis et 15 000 € d’amende, Nathalie Boulanger, Guy Patrick Cherouvrie, Brigitte Dumont et Jacques Moulin comme complices à 4 mois de prison avec sursis et 5000 € d’amende et, enfin la société France Télécom à 75 000 € d’amende.
Au niveau civil, les condamnés devront verser plus de 5 millions d’euros.


Pour l’union syndicale Solidaires qui s’était porté partie civile, la question centrale de ce procès n’était pas celle de la réparation ou de l’indemnisation mais bien celle de la condamnation de ces méthodes mortifères car nous devons les interdire, comme le fut en son temps l’amiante. Ce qui s’est passé dans cette entreprise et continue à se passer ailleurs concerne l’ensemble du monde du travail et cela doit cesser.
Le jugement prononcé ce jour est un pas majeur dans la lutte contre les méthodes mortifères du capitalisme. »

 

Article paru dans le Bulletin de l'Andeva n°62 (janvier 2020)

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