Vincennes, le 26 octobre 2017

COMMUNIQUE DE PRESSE 

Amiante - Pénal

ETERNIT : Le Parquet demande le non-lieu.  

 

Comme les victimes pouvaient le craindre compte tenu des derniers éléments intervenus dans ce dossier, c’est aujourd’hui le dossier Eternit qui s’apprête à passer à la moulinette judiciaire. Plus de vingt ans après le dépôt de la première plainte contre cette entreprise d'amiante, le Parquet du Pôle Santé Public du Tribunal de grande Instance de Paris vient de rendre un réquisitoire définitif sollicitant un non-lieu général.

L’argument du parquet est une nouvelle fois asséné sans nuance : dans la mesure où il n’est pas possible de connaitre avec certitude la date à laquelle la victime a été intoxiquée, on ne peut pas imputer une faute à quiconque. Il n’y a donc pas lieu à poursuivre les investigations car on ne pourra jamais déterminer lequel des directeurs d’établissement est responsable pour chacune des victimes.

 

Conclusions insupportables, car très injustes et reposant sur des arguments faux. A chaque décision, les magistrats réécrivent l’histoire, au mépris des éléments du dossier, et des connaissances scientifiques. Le Parquet ne prend même pas la peine de répondre à l’analyse faites par les victimes et se contente reprendre sa précédente argumentation. Au suivant !

 

Non, madame la procureure de la république, vous ne pouvez pas affirmer qu’ « il n’est pas possible d’établir à postériori la date de la commission d’une éventuelle faute ayant entrainé une exposition contaminante puis une intoxication, ce qui par conséquent ne permet pas de l’imputer avec certitude à une personne physique ». Le rapport d’expertise sur lequel vous basez votre raisonnement démontre précisément le contraire. Nous avons déposé des observations au dossier pénal le 9 septembre dernier, observations accompagnée d’un document scientifique établi par deux experts indépendants. Toutes ces pièces confirment l’erreur l’interprétation majeure que vous faites des connaissances scientifiques établies depuis plus de trente ans.

 

Comment ignorer que l’intoxication démarre dès les premiers jours de  l’exposition ? Que c'est toute la période où l'ouvrier a été exposé qui est la période d'intoxication ? Comment accepter que l’ensemble des dirigeants qui ont été aux manettes durant cette même période se voient ainsi déresponsabilisés et blanchis ? 

 

Car la portée de ces décisions va bien au-delà des victimes de l’amiante. Des décisions analogues demain s’appliqueront aux victimes de produits à effets différé (cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques). Cela revient à délivrer par avance un « permis de tuer » aux auteurs des crimes industriels majeurs.