Atteint d’un cancer broncho-pulmonaire, André Thiriat raconte.

« J’ai travaillé 28 ans chez Michelin à Golbey : d’abord sur toutes les machines dans trois ateliers, puis à la maintenance de ces machines, après une double hernie discale.

Elles tournaient très vite. Il fallait des freins très puissants pour les stopper en cas d’arrêt d’urgence. Ces freins étaient en amiante..

Il y avait aussi des joints en amiante au traitement thermique. A la longue ils cramaient et durcissaient. Nous devions les changer. Il y avait aussi des calorifugeages. La poussière était partout dans les ateliers.

En 2011 j’ai fait une chute et je me suis cassé onze côtes. à l’hôpital de Nancy, les médecins ont repéré une tache sur mon poumon droit. C’était une tumeur de 7 centimètres. On m’a enlevé un lobe pulmonaire.

En 2013 mon beau-frère, lui-même reconnu en maladie professionnelle, m’a que je n’étais pas le seul et m’a conseillé d’aller voir l’Addeva 88.
Mon cancer a été reconnu en octobre 2013 avec un taux d’IPP de 67%.

L’année suivante, j’ai engagé une action en faute inexcusable de l’employeur. Michelin nous donnait des protections pour nos pieds, nos yeux ou nos oreilles. Mais, jusqu’en 2000, date à laquelle j’ai quitté l’usine, il ne nous a jamais informé du danger de l’amiante ni donné les moyens de protéger nos poumons.

J’ai été auditionné par les gendarmes d’Epinal.

Je suis satisfait que Michelin ait été condamné. Il méritait d’être puni. D’autres l’avaient fait condamner avant moi. La reconnaissance de la faute inexcusable a amélioré mon indemnisation, mais je n’ai plus la même qualité de vie.
J’avais une bonne condition physique, je l’ai perdue. Après un quart d’heure de tondeuse, je me sens fatigué. Mon neveu m’aide...

L’opération m’a laissé une balafre de 30 centimètres. J’étais capable de faire de longs trajets en voiture. Je dois aujourd’hui m’arrêter après une heure et demie de route..."