L’explosion des prix organisée par les industriels du médicament menace l’égalité d’accès aux traitements. L’Andeva appelle à signer et faire signer la pétition de la Ligue contre le cancer.

20 ans après l’interdiction, les cancers de l’amiante tuent encore plusieurs milliers de personnes chaque année. La compréhension des mécanismes fondamentaux de ces pathologies s’est améliorée et divers essais cliniques ont donné des résultats encourageants.

Un des buts du réseau de centres experts MESOCLIN est de permettre à tous les patients, quel que soit leur lieu d’habitation, d’accéder à des traitements innovants en cas d’échec du traitement de référence.
Ces avancées modestes mais réelles ont redonné une lueur d’espoir aux victimes de ces cancers meurtriers et à leurs familles. Elles risquent malheureusement d’être fragilisées par le coût exorbitant des anticancéreux de dernière génération.

2700 euros pour une seule perfusion !

Deux exemples : Pour un patient de 70 kilos, une seule perfusion de Pemextred/ALIMTA de 900 milligrammes coûte environ 2000 euros ; une perfusion d’AVASTIN de 1050 milligrammes coûte 2700 euros.

En une décennie le prix des médicaments anticancéreux a pratiquement doublé. Cette hausse spectaculaire est un phénomène mondial qui n’a d’autre origine que l’insatiable appétit des actionnaires de l’industrie pharmaceutique. Il y a une totale déconnexion entre l’explosion du prix de vente et la baisse sensible des coûts de production (due à une commercialisation plus précoce suite au raccourcissement des phases de recherche et de développement).
Les multinationales de l’industrie pharmaceutique fixent leurs prix de vente non pas en fonction de leur prix de revient mais en fonction de ce que le marché peut payer. Pour la même molécule, le prix peut varier de 1000 dollars en Égypte à 80 000 dollars aux États-Unis.

Un appel de 110 cancérologues

En France, cette dangereuse dérive a suscité un tollé dans le monde médical et associatif : La Ligue contre le cancer a dénoncé ces prix injustes et exorbitants ; 110 cancérologues ont réclamé une maitrise des prix ; la société Française du Cancer, l’Association des groupes coopérateurs en Oncologie, le Collectif inter-associatif sur la Santé sont intervenus…

Tous craignent de voir remis en cause l’un des principes fondateurs de notre système de santé : le droit pour tous les patients d’avoir accès à des traitements efficaces.

En France, la Caisse nationale d’assurance maladie a jusqu’ici remboursé l’AVASTIN et l’ALIMTA aux hôpitaux, seuls habilités à les prescrire (ils sont sur la « liste en sus » où figurent d’autres médicaments particulièrement onéreux). Mais pour combien de temps ?

La part des traitements anticancéreux dans les dépenses de l’Assurance maladie était de 6,6% en 2007. Elle atteint aujourd’hui 10% !

Le danger d’en arriver à une restriction d’accès aux traitements les plus coûteux est bien réel et les victimes de l’amiante sont directement concernées.
Aux États-Unis, seuls ceux qui ont les moyens de débourser une centaine de milliers de dollars par an peuvent accéder à certains médicaments.
En Belgique, aucun hôpital n’a participé à l’essai clinique MAPS sur le mésothéliome, le coût de l’AVASTIN étant jugé trop élevé.

En décembre 2015, la Ligue contre le cancer avait déjà tiré la sonnette d’alarme. Après l’appel lancé par 110 cancérologues, elle lance une pétition pour demander la fin des prix exorbitants des médicaments anticancéreux. L’Andeva soutient cette initiative et appelle toutes ses associations locales à diffuser et faire signer cette pétition.

Imposer des prix conformes à la santé et à l’éthique

Au nom de toutes les victimes d’un cancer de l’amiante et des familles endeuillées par une catastrophe sanitaire évitable, l’Andeva s’adresse solennellement aux pouvoirs publics.

Elle leur demande de ne pas céder aux pressions de l’industrie pharmaceutique et d’imposer des prix conformes au droit à la santé et à l’éthique pour l’AVASTIN et l’ALIMTA comme pour tous les anticancéreux innovants.
Ils doivent demeurer sur la « liste en sus ». Les retirer placerait les hôpitaux devant un choix impossible : réduire la survie des patients en renonçant à utiliser ces produits innovants ou financer leur utilisation par des coupes sombres dans leurs budgets au détriment de la qualité globale des soins.
La bataille sur le prix des médicaments est une urgence majeure. C’est l’avenir de notre système de santé qui se joue aujourd’hui. Le médicament n’est pas une marchandise ; la priorité doit être de soigner les patients et non les actionnaires .