Yuanda, la société importatrice, n’est pas une PME, mais une multinationale basée en Chine qui a des filiales dans 18 pays et fait 2 milliards de chiffre d’affaires par an.

De l’amiante dans
un nouvel hôpital
pour les enfants

L’Australie est l’un des pays du monde où la densité de mésothéliomes dans la population est la plus élevée. L’amiante y est interdit alors qu’il ne l’est pas en Chine.

En juillet 2016, un syndicaliste australien a donné l’alerte sur une possible présence d’amiante dans des plaques de toiture du nouvel hôpital pour enfants de Perth. Les analyses ont confirmé le présence de chrysotile.

Le 19 juillet, la police des frontières est intervenue au siège de Yuanda Australie, la société importatrice. Des matériaux ont été mis sous séquestre. Des contrôles ont été engagés sur d’autres chantiers de cette société en Australie.

La pression des syndicats, le relais des medias et l’indignation de l’opinion publique ont donné un grand écho à cette affaire.

Grande-Bretagne :
la direction de la Santé interpelée

En Grande-Bretagne - où l’amiante tue 5000 personnes par an - Yuanda UK, une autre filiale, annonce de très grands projets de construction dans les prochaines années.

Le 27 juillet une coalition d’organisations de la société civile a publié un communiqué[1] Laurie Kazan-Allen (I-ban) et Graham Dring, (Groupes de soutien aux victimes de l’amiante Forum UK) ont alerté la Direction générale de la Santé (HSE).

Celle-ci a répondu qu’elle prenait l’affaire au sérieux et diligentait des contrôles.
Yuanda UK soutient que ses fournisseurs chinois ne sont pas les mêmes que ceux de Yuanda Australie et que leurs matériaux ne contiennent pas d’amiante.

Graham Dring a exhorté le HSE à ne pas prendre ces déclarations pour argent comptant et à procéder à « un examen rigoureux de la chaîne d’approvisionnement de Yuanda et d’autres entreprises ».

Que fait l’Union européenne ?

Yuanda a d’importants chantiers de construction en France, en Italie, en Allemagne et en Suisse où il livre des encadrements de façades fabriqués en Chine et importés en conteneurs par voie maritime.

En France, Yuanda a cassé les prix pour rafler le marché des 22 000 mètres carrés de façades de la tour Carpe Diem à la Défense (162 m de haut, 38 étages).

L’Union européenne a interdit l’amiante en 2005. Quels moyens se donne-t-elle pour s’assurer que cette interdiction est respectée ?

Graham Dring souligne que « l’expérience australienne a révélé l’incapacité des fonctionnaires des douanes à exercer un contrôle réel sur le flux des marchandises qui franchissent leurs frontières. »
La question des moyens est décisive car dans la plupart des pays de l’UE, des coupes sombres dans les budgets et les effectifs ont réduit l’efficacité des organismes qu’il faudrait affecter à ces contrôles.

Il est donc important que les états et l’UE se décident à donner une réelle priorité à la prévention.

Dans tous les pays où existent des chantiers de Yuanda, les syndicats et les associations de victimes doivent être très vigilants.

[1] International Ban Asbestos Secretariat (Ibas), Mesothelioma UK charftable trust, Hazards campaigns, Asbestos Victims Support Groups Forum UK, Mesothelioma Research Group, Internationale des travailleurs du BTP, Fack.


QU’EST-CE QUE YUANDA ?

Yuanda China Holdings Limited est l’un des leaders mondiaux des matériaux de constuction primaires.

Il compte 13 000 salariés et fait 2 milliards de dollars de chiffre d’affaires par an, dont 50% réalisés hors du pays. Il a 11 filiales en Chine et 18 à l’international.

Les filiales de Yuanda en Europe traitent de gros chantiers dans plusieurs pays d’Europe (Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie, Suisse).

Le groupe est spécialisé dans les façades des immeubles de grande hauteur. Ses cinq usines peuvent produire 12 millions de mètres carrés de façades
par an.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°52 (septembre 2016)