En 2012, l’Agence nationale de Sécurité sanitaire (Anses) a évalué les risques liés à l’utilisation du talc en milieu de travail et fait des recommandations.

L’exposition professionnelle au talc est liée non seulement à son exploitation minière (extraction, broyage, ensachage), mais aussi à diverses utilisations industrielles (production de caoutchouc, céramiques, peintures ou émaux...).

A l’état naturel, les particules de talc se présentent le plus souvent sous forme de plaques, plus rarement sous forme de fibres longues et fines
(talc «  asbestiforme »). Dans les gisements où il est extrait, le talc n’est pas pur. Il peut contenir d’autres minéraux, tels que l’amiante ou le quartz.
C’est pourquoi l’Anses a étudié les risques sanitaires liés à la présence d’amiante et d’autres fibres dans le talc et ceux liés au talc seul.

L’amiante est présent dans certains gisements de talc

En 1987, le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) notait la présence d’amiante trémolite dans des talcs en Italie et en Norvège.

En 2005 l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) était alerté sur un enduit époxydique utilisé à la SNCF. incluant du talc issu d’un gisement de l’État de New York aux USA qui contient (selon les sources) de 40 à 60% de fibres de trémolite.

Tous les gisements de la planète ne contiennent pas de l’amiante, mais certains peuvent « contenir des fibres minérales ayant des strucures chimiques analogues à celles des six fibres minérales classées comme des fibres d’amiante au sens réglementaire [chrysotile, actinolite, anthophyllite, trémolite, amosite, et crocidolite]. »

Il n’est pas facile de connaître la composition réelle du minerai, peu de gisements ont été bien étudiés en dehors de l’Europe et des Etats-Unis. De plus, il n’existe « actuellement aucune méthode fiable et reproductible  » qui permette de déterminer avec précision la nature des « fragments de clivage, qui proviennent de la coupure des blocs de minerais, et qui sont retrouvés dans le talc broyé et moulu  » [fibres de talc, fibres minérales asbestiformes ou fibres non asbestiformes].

Les effets du talc seul sur la santé

Une exposition prolongée et massive au talc peut provoquer une fibrose : la talcose.

Des études ont montré une augmentation significative du risque de cancer du poumon chez certains mineurs des gisements de talc. Mais l’exposition simultanée à des cancérogènes tels que le radon, le quartz ou l’amiante ne permet pas de tirer des conclusions définitives sur le risque de cancer lié au talc seul.

En tout état de cause, puisque le talc n’est pas seul dans le minerai et qu’il n’y a pas encore de traçabilité sur son origine, le principe de précaution doit s’appliquer.


Les cinq recommandations de l’ANSES

- faire une cartographie des gisements de talc dans le monde,
- assurer une traçabilité des talcs, de leur extraction à leur commercialisation en France,
- faire une recherche de fibres d’amiante dans les talcs et les produits en contenant vendus en France,
- en cas de découverte, appliquer la réglementation sur l’amiante en milieu de travail amiante,
- perfectionner les méthodes d’analyse.


ETATS-UNIS

Plus d’un millier de plaintes ont été déposées par des victimes du talc

Reconnu responsable
de cancers de l’ovaire,
Johnson & Johnson
a été condamné deux fois
à verser plusieurs
millions de dollars.

En octobre 2015 en Alabama, Jacqueline Fox, une sexagénaire, est décédée d’un cancer de l’ovaire diagnostiqué 3 ans plus tôt. Elle avait utilisé durant des décennies du talc de Johnson & Johnson (J&J) pour son hygiène intime.

Le 22 février 2016, la justice du Missouri a condamné la société à verser 77 millions de dollars à ses ayants droit, jugeant que ce talc était responsable de son cancer. Johnson & Johnson a fait appel.

Le 8 mai dernier, la justice du Missouri a encore condamné la société, à verser 55 millions de dollars, pour un autre cas de cancer de l’ovaire lié à l’utilisation de talc.

Les avocats de J&J ont soutenu que le lien de cause à effet entre l’exposition et le cancer n’était pas scientifiquement démontré.

Les avocats des plaignants ont accusé J&J d’avoir dissimulé des preuves de ce lien depuis le début des années 80. Ils ont produit des documents internes à la société où en 1997 l’innocuité des produits à base de talc était mise en doute par un consultant employé par la société. D’autres documents proposaient de réorienter la stratégie marketing de J&J vers des populations moins informées de la controverse.

Selon l’agence Reuters un millier d’autres plaintes ont été déposé contre J&J auprès de cette juridiction et 200 autres dans le New Jersey.