A tous ceux qui penseraient que « l’amiante c’est fini », ce Bulletin rappellera quelques vérités, prises dans l’actualité de ces dernières semaines.

Chaque année, l’amiante tue 222 000 personnes dans le monde. Ce chiffre effrayant est issu d’une étude récente, la plus complète jamais réalisée. Il est deux fois plus élevé que les précédentes estimations de l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé [voir p.28].

En France, le nombre annuel de mésothéliomes continue d’augmenter : 461 nouveaux dossiers ont été déposés au Fiva en 2014, 514 en 2015 et 608 en 2016. C’est une maladie spécifique de l’amiante que les médecins ont obligation de déclarer aux autorités sanitaires depuis 2012. Et pourtant beaucoup de patients et de familles ne sont pas indemnisés par la Sécurité sociale ou par le Fiva : ignorants de leurs droits, ils ne demandent rien. Tels sont les résultats d’une étude présentée lors des journées francophones sur le mésothéliome en novembre dernier [voir p.16-19].

Dans notre pays, des enfants respirent encore aujourd’hui des fibres cancérogène sur les bancs de leur école. Des parents d’élèves, des enseignants alertent, de plus en plus souvent, nos associations sur des situations inacceptables [voir p.20-21].

En France, un gouvernement plus soucieux de donner des gages au patronat que d’améliorer les conditions de travail a supprimé par ordonnance les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), privant ainsi les travailleurs d’un outil efficace pour défendre leur santé et leur vie [voir p.12-13].

En France, 21 ans après le dépôt des premières plaintes, des juges d’instruction tentent de saborder le procès pénal de l’amiante, en transformant les industriels en « intouchables » pour leurs fautes passées, présentes et à venir [voir p.4-7].
Non l’amiante, ce n’est pas fini. Ni chez nous, ni dans les autres régions du monde.

L’année 2017 s’est terminée par une bonne nouvelle : au Brésil, le 29 novembre dernier, le Tribunal suprême fédéral a interdit l’amiante dans tous les états du pays. La nouvelle a été saluée par les victimes du monde entier. [voir p.26-27]

Le Canada, autre grand producteur historique d’amiante, a publié le 5 janvier 2018 les projets de directives interdisant la production et la commercialisation d’amiante. [voir p.31]

Les marchands de mort reculent, mais le soutien actif d’un grand état comme la Russie leur conserve une forte capacité de nuisance. En décembre dernier, le gouvernement sri-Lankais qui s’orientait vers l’interdiction, a fait l’objet d’un chantage cynique : « Si vous cessez d’importer l’amiante russe, la Russie n’achètera plus le thé de Ceylan ». Il a cédé, renvoyant l’interdiction à plus tard [voir p.30].

L’épicentre de la lutte pour l’interdiction de l’amiante s’est déplacé vers les pays d’Asie qui consomment, à eux seuls, près de 75% de la production mondiale. Des scientifiques, des associations et des syndicats de tous les continents leur demandent d’arrêter la gigantesque épidémie de cancers qui se prépare [voir p.28-29].

Non ! l’amiante ce n’est pas fini ! Nous présentons à tous nos meilleurs voeux pour l’année nouvelle. Une chose est sûre : en 2018, il y aura « du pain sur la planche » pour les associations de victimes.