« Il a fallu des années pour obtenir une collecte gratuite de ces déchets »

Dans les communes des Combrailles en Auvergne, il n’existait pas de collecte des déchets contenant de l’amiante pour les particuliers. En l’absence de dispositif, les gens jettent des produits en amiante dans la nature.

Des toitures ravagées par un orage de grèle

Ce problème est devenu brûlant après un violent orage de grêle, en août 2013, qui a endommagé des milliers de mètres carrés de toitures en amiante-ciment.

Pour les bâtiments d’habitation ou d’exploitation, le problème a pu être traité avec les assurances. Mais, pour les particuliers qui avaient quelques plaques de fibro sur un garage ou un abri, le problème demeurait.

Le sous-préfet a été alerté. Il a répondu en brandissant la menace de sanctions financières contre tous ceux qui élimineraient des déchets amiante de façon illégale. Mais sans apporter de réponse concrète aux personnes concernées.

Le Caper a fait des propositions

« Face à ce vide, nous avons contacté les maires et tous les élus locaux siégeant au [1]]] des Combrailles (41 communes) - de fin 2014 à début 2015 - avec à l’appui une plaquette proposant des solutions concrètes, explique Bernard Grand, le président du Caper des Combrailles. Nous avons rencontré une oreille attentive mais sans résultat.

Cette plaquette a aussi été remise à la présidente du Sictom, qui nous a opposé des arguments financiers.

Devant cette opposition systématique, nous avons entrepris une démarche auprès du président du Valtom [2]. En juillet 2015, il nous a répondu qu’il étudierait le problème et nous tiendrait informés.

Après plusieurs relances, nous avons obtenu une entrevue début 2016. Notre argumentation a été prise en compte, mais il nous a fallu attendre encore un an, avant qu’une proposition concrète nous soit enfin présentée début 2017. »

Une collecte des déchets amiante, enfin !

« Après plusieurs années de démarches, une collecte expérimentale a été réalisée sur trois mois (1 jour par mois) entre septembre et novembre 2017, explique Angel Gonzales. Elle a permis la récupération à titre gratuit de 10,5 tonnes de matériaux amiantés.

Des emballages spéciaux étaient fournis gratuitement. Les dépôts étaient limités à 100 kg par foyer.

Nous avons demandé que cette collecte gratuite soit pérennisée. Le Valtom et le Sictom se sont opposés à la gratuité.

Finalement, en cette année 2018, la collecte mensuelle se poursuit. Et notre détermination sur la gratuité a payé ».

L’association a élargi son champ d’activité

« Quand notre Caper s’est créé en 2000, explique Michel Beurier, notre objectif prioritaire était la réparation des préjudices des victimes de l’amiante. Au fil du temps nous avons pris conscience que la prévention devait prendre une place importante dans notre activité pour éviter de nouvelles victimes dans les décennies à venir.
Nous avons sensibilisé et interpellé les élus et les pouvoirs publics et informé la population. »
En 2009-2010, nous avions réalisé un film (« Amiante : la faute inexcusable  ») bien diffusé localement. »


1) Sictom : syndicat intercommunal de collecte et traitement des ordures ménagères et assimilés.

2) Valtom : collectivité publique en charge de la valorisation et traitement des déchets dans le Puy de Dôme.

Le Sictom est adhérent du Valtom.