Alberto Prunetti raconte l’histoire de son père, Renato, soudeur dans des raffineries et des aciéries en Italie depuis l’âge de 14 ans, tué par l’amiante à 59 ans.

C’est une tâche dangereuse de souder à quelques centimètres d’une cuve de pétrole. Une seule étincelle suffit pour amorcer une bombe qui peut emporter une raffinerie.

Empoisonné sans le savoir.

C’est pour cela qu’on lui a dit d’utiliser cette bâche gris sale qui résiste aux températures les plus élevées, car elle est produite avec une matière légère et indestructible : l’amiante.

Avec elle, les étincelles restent prisonnières et vous, vous restez prisonnier avec elle, et sous la bâche en amiante vous respirez les substances libérées par la fusion de l’électrode.

Sans le savoir, Renato s’empoisonne lentement au travail : il respire de l’essence, le plomb lui entre dans les os, le titane lui bouche les pores de la peau et, finalement, des fibres d’amiante se glissent dans ses poumons.

Une histoire individuelle et collective

Le livre d’Alberto Prunetti raconte à la fois l’histoire de son père et celle de l’Italie : l’enfance de Renato avec ses bagarres et ses parties de foot, la Toscane ouvrière avec sa musique, ses dialectes, ses évènements sportifs dans les années 70 marquées par des luttes sociales avant la vague de restructurations des années 80.

Alberto Prunetti recolle ainsi les morceaux d’une destinée vouée à l’oubli. Il a reçu en héritage de ses ancêtres ouvriers et paysans, la hargne, le courage, l’esprit de résistance et un humour à faire tenir debout.

« La mémoire est une chose vivante qui se préserve en passant la ponceuse sur la rouille du temps. Avec la brosse la plus dure, j’insiste. C’est ce qui aurait plu au charpentier métallique, personnage principal de cette histoire. Pas de fleurs mais beaucoup d’antirouille. »

Le livre d’Alberto Prunetti, traduit de l’italien par Serge Quadruppani, est paru chez « Agone, Mémoires Sociales » (144 p,14 euros)

Pour le commander :

https://agone.org/memoiressociales/amianto/