Marie-Christine Anglade est décédée en novembre 2021 d’un cancer du poumon. Elle allait avoir 63 ans. Elle avait été exposée à l’amiante en travaillant à la crèche du CHU de Toulouse. La reconnaissance de l’origine professionnelle de ce cancer dû à une « exposition passive » à l’amiante et d’un « lien causal exclusif » avec son décès ont été arrachées de haute lutte, grâce à la ténacité de Pascal, son époux, avec le soutien de la CGT et de l’Andeva. Il raconte.

La CGT l’a alertée sur une forte présence d’amiante dans la crèche du CHU où elle avait travaillé 40 ans comme auxiliaire de puériculture (l’employeur ne lui avait donné aucune information). Mon épouse a engagé le combat pour faire reconnaître son cancer en maladie professionnelle. Après son décès ma fille et moi nous avons continué son action. 

Le médecin du travail n’a « pas exclu » une exposition passive

Christine a d’abord demandé à rencontrer la médecine du travail. Il a fallu insister auprès du médecin responsable pour qu’il reconnaisse par écrit que si « l’activité professionnelle de la salariée ne pouvait indiquer que la pathologie était due à un contact actif avec de l’amiante, rien ne permettait d’exclure qu’elle était due à un contact passif ». Compte tenu des limites du tableau 30 bis de maladies professionnelles, nous avons considéré cette affirmation écrite dans un rapport médical comme une première avancée.»

La Direction a nié toute responsabilité dans cette maladie

« Ce n’est qu’au décès de Christine que la direction a enfin accepté de recevoir la famille accompagnée par des représentants de la CGT. Les échanges furent tendus. Elle refusait de reconnaître sa responsabilité dans un cancer qu’elle attribuait au tabac. La présence massive d’amiante dans cette crèche était pourtant avérée. Des travaux avaient eu lieu durant des années  dans ces locaux sans réelle protection des salariés. De nombreux témoignages de collègues l’attestent.

Maladie et décès enfin pris en charge

La direction imposa une expertise en mandatant un expert parisien, spécialiste en tabacologie. Un tel choix avait de quoi nous inquiéter, mais le rapport d’expertise du 13 juin  2022 nous donna raison : « La pathologie dont souffre Madame Anglade est exclusivement liée à l’inhalation d’amiante avec un contact passif durant de nombreuses années. Cela est la cause du décès survenu en novembre 2021. »

Conclusion : cette pathologie est « à prendre en charge au titre de la maladie professionnelle ». Un désaveu infligé à la direction par l’expert qu’elle avait elle-même désigné !

Le 15 décembre 2022, le Comité médical de Haute Garonne, saisi par la famille, a confirmé les conclusions de l’expert et attribué un taux d’incapacité de 99%. La presse a salué l’événement : La Dépêche du Midi, 20 minutes ont publié des articles soulignant l’importance de ce cas emblématique.

Dès lors la Direction n’avait d’autre choix que de reconnaître la maladie professionnelle de mon épouse. Ce qu’elle fit de fort mauvaise grâce le 9 janvier 2023,
sept mois après l’expertise. Elle eu l’indécent culot de présenter sa décision comme un geste de pure « bienveillance », alors que, selon elle, « la nature des missions et les conditions d’exercice de Mme Anglade ne la prédisposaient pas à développer une pathologie en lien avec l’amiante, même dans un cadre d’exposition passive » (sic !!)

Pour conclure, je dirai que la reconnaissance du cancer bronchopulmonaire de mon épouse est une grande avancée. Je veux que ce dossier fasse jurisprudence, qu’il serve à d’autres personnes ayant travaillé dans des bâtiments où se trouvait l’amiante. Le combat doit continuer pour  la prévention du rique amiante et le suivi médical au CHU. »


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°71 (juillet 2023)