Santé publique France vient de publier le bilan du programme national de surveillance du mésothéliome (PNSM) de 1998 à 2017.

Ce cancer rare, spécifique de l’amiante reste une maladie de sombre pronostic malgré les promesses de l’immunothérapie.

Le nombre de cas augmente. Chez les femmes, il a presque doublé en 20 ans. La proportion de salariés du BTP grandit depuis 1998.

Un mésothéliome sur quatre n’est indemnisé ni par la Sécurité sociale ni par le Fiva.

Le mésothéliome pleural est un cancer de la plèvre, l’enveloppe du poumon. C’est une maladie spécifique de l’amiante. Son pronostic reste sombre, malgré les progrès de l’immunothérapie. Elle peut survenir 30, 40, voire 50 ans après l’exposition. Sa déclaration par les médecins à l’Agence régionale de Santé est obligatoire.

Un programme national de surveillance de cette maladie, le PNSM, a été mis en place en 1998, au lendemain de l’interdiction de l’amiante.

Le 27 juin dernier, Santé publique France a présenté un bilan inédit de 20 ans de surveillance.

Des mésothéliomes pleuraux toujours plus nombreux

Il y avait 800 nouveaux cas par an dans la période 1998-2002.

Il y en a eu 1100 dans la période 2013-2016 (800 cas masculins et 300 cas féminins).

Dans le même temps, le nombre de nouveaux cas masculins est passé de 625 à 798 (+22%), celui des nouveaux cas féminins a explosé, passant de 175 à 314 (+79% !)
L’âge moyen lors du diagnostic est passé pendant ce temps de 70 ans à 75,1 ans chez les hommes et de 70,5 ans à 75,6 ans chez les femmes.

Hommes et femmes : des expositions différenciées

- Une exposition professionnelle à l’amiante a été retrouvée dans 9 cas sur 10 chez les hommes et dans 4 cas sur 10 chez les femmes.

- une exposition extra-professionnelle (sans exposition professionnelle) a été retrouvée chez 3% des hommes et un tiers des femmes.

- Aucune source d’exposition n’a été retrouvée dans un cas sur quatre chez les femmes.

Un secteur professionnel très exposé : le BTP

« La proportion des personnes atteintes de mésothéliome pleural ayant exercé une activité dans le secteur du BTP est en augmentation constante depuis 1998 pour atteindre 50 % en 2016. Une exposition professionnelle à l’amiante est retrouvée de manière probable ou très probable pour 97% d’entre eux. L’exposition professionnelle à l’amiante est retrouvée pour 84% des cas ayant exercé un emploi dans le BTP après l’interdiction de l’amiante. »

Une évolution des métiers exposants

La part des métiers de transformation de l’amiante baisse. Celle des métiers d’intervention sur des matériaux contenant de l’amiante augmente.

Cela confirme l’importance d’une politique active de prévention du risque amiante.

Des demandes d’indemnisation en nombre insuffisant

En France toutes les victimes d’un mésothéliome ont le droit d’être indemnisées, que leur maladie soit d’origine professionnelle ou environnementale.

Pourtant, « entre 2005 et 2017, plus d’une personne sur quatre atteinte de mésothéliome et affiliée au régime général de Sécurité sociale n’avait entrepris aucune démarche de reconnaissance en maladie professionnelle, ni n’avait sollicité le Fiva. »

La sous-déclaration est un fléau.