« L’exposition à l’amiante est et restera encore pendant plusieurs décennies un sujet majeur de santé publique. ». Telle est la conclusion d’un rapport récent de Santé publique France qui note une progression continue depuis 20 ans du nombre de mésothéliomes, cancer de la plèvre spécifique de l’amiante (p. 4-5)

Ce rapport devrait inciter les pouvoirs publics à prioriser la recherche sur cette pathologie, à aider les victimes à faire valoir leurs droits et à instaurer une politique active et tenace d’éradication de l’amiante en place.

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L’actualité « amiante » a été chargée cet été.

Les actions contre l’amiante dans les écoles se sont poursuivies, à Marseille ou en Guyane (p.10-12)

Des maires se sont confrontés à la multiplication de décharges sauvages, truffées d’amiante-ciment (p.16-17).

Des cheminots ont dénoncé la présence de matériaux contenant de l’amiante dans des wagons de fret (p.18-19).

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Des avancées réglementaires et jurisprudentielles (au civil) ont été confirmées :

- avec la parution au J.O. d’un arrêté sur le repérage amiante avant travaux (p.14) ;

- avec le préjudice d’anxiété reconnu chez Saint-Gobain (Thourottte) et au Tripode (Nantes), suite à l’arrêt rendu par la Cour de cassation le 5 avril (p.20-23)
[La Cour dira le 11 septembre si l’accès à ce préjudice s’élargit ou non aux salariés exposés à d’autres cancérogènes.]

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Mais le sabotage de l’instruction du procès pénal par les magistrats qui en ont la charge s’est poursuivi :

- Une ordonnance de non-lieu a été délivrée le 11 juillet par les juges d’instruction du pôle de santé publique dans le dossier des usines Eternit.

- Une autre le 16 juillet dans le dossier de Condé-sur-Noireau (p.6-8).
Les victimes ont fait appel de cette décision qui risque d’impacter toutes les personnes exposées à des produits CMR (cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques). Le dossier ira en cassation.

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Au plan international, la situation a été marquée par une victoire, un espoir et une inquiétude :

- une belle victoire judiciaire magnifique de notre ami anglais Graham Dring, qui a contraint par décision de justice une grande société de l’amiante à communiquer des documents à son association sans qu’elle soit dans la procédure (p.30) ;

- un espoir avec l’annonce de l’interdiction de l’amiante en Colombie à partir du premier janvier 2021 (28-29) ;

- une inquiétude, dans l’attente de la décision que rendra le 4 septembre la Cour suprême fédérale du Brésil, sous la pression des industriels et des politiciens à leur service qui réclament une dérogation à l’interdiction, autorisant pour 10 ans la production et la commercialisation d’amiante « uniquement pour l’exportation » (p.26-27).

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Le combat contre l’amiante n’est pas un domaine à part. Il est étroitement lié aux luttes contre d’autres polluants.

On retrouve les mêmes atteintes à la santé des travailleurs et de la population, le même déni du danger par les autorités de santé dans la façon de traiter la pollution au plomb après l’incendie de Notre-Dame de Paris (p.32).

Jacques FAUGERON
Alain BOBBIO