Le porte-avions Clemenceau est un géant de 24 200 tonnes, majoritairement constitué d’acier. Or l’acier, qui se recycle quasiment à l’infini, est un business mondial, côté entre $275 et $300 la tonne. Toute l’industrie de démolition de bateaux repose sur la vente d’acier au prix mondial tandis que la main d’œuvre est payée au niveau local. C’est pourquoi c’est une industrie majoritairement située là où la main d’œuvre est la moins chère, en Inde, au Pakistan, au Bangladesh, et en Chine.

Les frais de main d’œuvre et de matériel reviennent à $42 par tonne, soit moins de 15 % du prix espéré. En ajoutant les taxes (22 %) et les pertes dues à la rouille, l’industrie dégage tout de même au bas mot une marge de 60 %. Soit pour les 24 200 tonnes du Clemenceau un prix à la revente
de plus de 4 millions de dollars. Sans compter que le porte-avions recèle peut-être un trésor : quelques tonnes de bronze, qui se revendent $2 750 la tonne sur le marché mondial.

Évidemment il faut déduire de cette somme la facture du désamiantage, à régler à Technopure et Prestosid. Mais sachant que la marine française a vendu la coque du porte-avions 100–000 euros, les bénéfices à engranger laissent songeur… Reste à savoir à qui profite cette manne, de la société indienne Shree Ram qui va vraiment fournir un travail de démolition et recycler l’acier, ou de la société intermédiaire SDI, qui ne fait qu’acheter et revendre…

LS


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N° 18 (octobre 2005)