SERGE DUFOUR * (CGT)
« La société doit tirer les leçons de ce drame pour en éviter d’autres »

« Rendre justice aux victimes et empêcher que de telles catastrophes ne se renouvellent : c’était les deux raisons de notre participation à cette manifestation.

Depuis des années le mouvement syndical est pris en tenaille dans une alternative : la santé ou l’emploi. La convergence dans l’action avec les associations de victimes permet de faire éclater cette tenaille. La voir réalisée dans cette manifestation m’a fait vibrer. J’ai senti là une force qu’on ne pouvait pas arrêter. Elle était porteuse non seulement de revendications immédiates mais aussi d’une solidarité, et quelque part d’une ambition collective de mieux vivre ensemble dans un monde meilleur.

Je dois dire que l’arrogance des responsables de cette catastrophe, malgré tant de dégâts et tant de souffrances, m’est complètement insupportable., qu’il s’agisse de ceux qui ont fabriqué et commercialiser ce poison, de ceux qui l’ont utilisé sans informer ni protéger leurs salariés, ou des pouvoirs publics qui ont laissé faire...

La société doit tirer les leçons de ce drame pour éviter qu’il ne se renouvelle avec d’autres produits dangereux. Les cancérogènes ont un effet différé : les victimes actuelles ont été exposées il y a trente ans. On ne peut pas peser sur le présent sans préparer l’avenir ni tirer les leçons du passé.

* Serge Dufour est responsable du secteur santé - conditions de travail de la confédération CGT


JEAN-LOUIS MALYS * (CFDT)
« Imposer une interdiction mondiale de l’amiante »

« La CFDT se devait de participer à cette manifestation. Elle se mobilise dans les entreprises pour faire reconnaître les dégâts de l’amiante, obtenir réparation et imposer le désamiantage.

Je pense à tous les amis qui sont malades, à toutes les victimes, à leurs veuves et enfants et je me dis « plus jamais ça ». L’activité économique fait que des hommes et des femmes sont exposés à des substances dangereuses. Il faut encourager l’utilisation de produits alternatifs sans dangerosité. Réparer financièrement est utile bien sûr, mais n’effacera jamais les souffrances et les drames dus à l’utilisation de produits tels que l’amiante !

Le combat judiciaire se mène à d’abord pour faire condamner au pénal les principaux responsables de cette catastrophe. Pour indemniser les victimes, des poursuites judiciaires peuvent être nécessaires, mais nous avons souhaité la mise en place du FIVA et du FCAATA pour éviter des procédures longues et coûteuses. C’est un moyen efficace pour que les personnes concernées puissent être indemnisées ou bénéficier de la préretraite. Les indemnités doivent être non seulement être maintenues mais aussi revalorisées. Au plan international nous sommes à l’initiative de la mise à l’ordre du jour de l’OIT de l’interdiction mondiale de l’amiante.


* Jean-Louis Malys est secrétaire national de la CFDT, chargé entre autres de la santé au travail.



Articles parus dans le Bulletin de l’Andeva N°21 (novembre 2006)