La banderole de l’Addeva 93 est portée par trois ouvriers de chez Renault.

Dans le cortège, trois veuves parmi des centaines d’autres : Monique a perdu son mari en 1986, Maryse a vu son époux mourir à 50 ans en 2000, Maria le sien à 58 ans en 2005... L’un travaillait à l’Alstom, l’autre chez Norton, le troisième dans « l’équipe amiante » d’une entreprise du BTP.

Josyane, Christine et Christian sont au rendez-vous : l’amiante leur a pris leurs deux parents. Leur père était docker, la mère lavait ses bleus...

Le père d’Aline travaillait chez Wanner Isofi. Il avait écrit en 1977 à la ministre de la Santé pour l’alerter. Au bas de sa lettre, les noms d’une douzaine de collègues victimes de l’amiante. Il est mort trois ans après d’un mésothéliome. La mère d’Aline a été contaminée, elle aussi, en lavant ses bleus. Aline elle-même, qui n’a jamais travaillé au contact de l’amiante, a des plaques pleurales.

Gaëtan, contaminé chez Norton, n’a pas pu venir. Il a un cancer. On lui a enlevé un poumon. Mais sa fille et son épouse sont là.

René, contaminé chez Valeo, leur fausse compagnie un moment pour aller voir ses vieux copains de Condé-sur-Noireau.

Jean, contaminé dans une PME, est venu avec un sac à dos, où il a mis sa bouteille d’oxygène. Il peine à suivre, mais défile avec les autres sans se plaindre. Une leçon de courage.

Tous ont vécu des situations très dures, presque inhumaines. Ils partagent la même émotion de se voir si nombreux dans ce cortège digne qui défile en silence. Oui, les victimes sont une force. Il faudra bien qu’elles soient entendues...


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°21 (novembre 2006)