Ils avaient travaillé sur le campus sans avoir de contact direct avec l’amiante. Le cancer de la plèvre les a touchés 40 ans après le début de leur activité dans des locaux pollués par l’amiante.
le personnel de la Faculté

Quatre chercheurs et une enseignante de Jussieu sont décédés d’un mésothéliome pleural.

L’étude dont les résultats sont publiés dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH N°41-42) avait pour but « d’évaluer la vraisemblance de l’induction de mésothéliomes par une exposition professionnelle passive à l’amiante due aux locaux de travail ».

Elle a été réalisée par Catherine Buisson, Corinne Pilorget, Sylvie Julliard, Danièle Luce, Ellen Imbernon de l’Institut national de Veille sanitaire (InVS) et Marcel Goldberg de l’Institut national de santé et de la recherche médicale (Inserm).

Ses conclusions sont claires : "Parmi les cinq personnes, nées entre 1934 et 1942, aucune exposition professionnelle active, domestique ou environnementale n’a pu être identifiée, excepté l’utilisation rare de produits de protection pour certains".

Les quatre chercheurs étaient volcanologue, physicien, paléontologue, et ingénieur en océanographie.

L’enseignante avait été professeur de mathématiques puis informaticienne.

Ces personnes, qui ont travaillé entre 10 et 35 ans à Jussieu, « étaient présentes lors de la construction du campus et elles ont fréquenté des lieux floqués à l’amiante. »


Des poussières d’amiante tombaient du faux plafond

Le volcanologue « s’était souvent plaint de devoir dépoussiérer son bureau de poussières tombées du faux-plafond ». L’informaticienne et le paléontologue avaient, eux aussi, nettoyé fréquemment leur bureau recouvert de poussières.

Ces cinq mésothéliomes ont été diagnostiqués en 2001 et 2002, soit une quarantaine d’année après leurs débuts professionnels dans ces locaux pollués.

Quatre personnes sur cinq avaient aussi des plaques pleurales, autre maladie spécifique qui signe une exposition à l’amiante.

L’impact sanitaire de la pollution passive

L’étude souligne qu’il s’agit du « premier rapport décrivant plusieurs cas de mésothéliome pleural parmi le personnel d’un campus universitaire floqué et n’ayant pas subi d’exposition active à l’amiante. »

« C’est effectivement la première étude scientifique qui établit un lien entre ce cancer spécifique de l’amiante et des expositions passives dans des locaux floqués », précise Marie-José Voisin, du Comité anti-amiante de Jussieu.

Elle démontre que des enseignants et des chercheurs ont respiré des fibres d’amiante à Jussieu et en sont morts sans manipuler ce matériau, ni être en contact direct avec lui.

Rétrospectivement, elle confirme aussi le bien fondé des demandes portées par le comité depuis de longues années : retrait total de l’amiante à Jussieu, mise en place de consignes de sécurité pour les travaux dans des bâtiments floqués… »

Pour télécharger le numéro spécial amiante du B.E.H.
http://www.invs.sante.fr/beh/2007/4...


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°25 (janvier 2008)