LES CANCERS DU POUMON ET DE LA PLEVRE

Les principaux cancers dus à l’amiante sont le cancer primitif du poumon (cancer broncho-pulmonaire) et le cancer primitif de la plèvre (mésothéliome).

Le cancer broncho-pulmonaire

Il se développe dans la majorité des cas à partir du revêtement des bronches (ou épithélium bronchique).

Il s’agit d’un cancer primitif (qui a pris naissance dans le poumon) et non d’un cancer secondaire (métastase au poumon d’un cancer venu d’un autre organe).

Les quatre principaux types histologiques sont : les carcinomes épidermoïdes (50 % des cas), les adénocarcinomes (30 % des cas), les carcinomes à grandes cellules et les carcinomes à petites cellules.
Les médecins regroupent les trois premières formes sous le vocable carcinomes non à petites cellules (par opposition à carcinomes à petites cellules) en raison de la similitude du traitement reposant avant tout sur la chirurgie (ablation d’un ou plusieurs lobes du poumon ou lobectomie).
Le cancer à petites cellules quant à lui est sensible à la chimiothérapie, mais c’est un cancer qui évolue rapidement.

Chez une personne exposée à l’amiante, le risque d’avoir un cancer broncho-pulmonaire est fortement accru lorsqu’elle fume. Le tabac associé à l’amiante a un effet multiplicateur dans le déclenchement du cancer.

Ce risque est également plus élevé chez les personnes déjà atteintes d’une fibrose pulmonaire (asbestose).

Les principaux signes révélateurs du cancer broncho-pulmonaire sont par ordre de fréquence décroissante : une toux nouvelle persistante, un amaigrissement, un essoufflement récent, des douleurs du thorax apparues récemment, du sang dans les crachats…

Ces signes ne sont pas spécifiques. Ils peuvent avoir d’autres causes que le cancer. Il ne suffisent donc pas à poser un diagnostic, mais ils doivent inciter à consulter un médecin.

Le scanner, qui est bien plus précis que la radiographie, permet assez souvent de repérer des nodules pulmonaires. La majorité de ces nodules (90%) sont bénins, c’est-à-dire non cancéreux. Mais des nodules de taille importante et/ou de forme irrégulière doivent être considérés comme suspects. La ligne de conduite généralement adoptée par les médecins est la suivante : alerte et suivi par scanners réguliers lorsque le nodule a une taille entre 5 et 10 mm ; action rapide au-dessus de 10 mm.

Dans l’état actuel des connaissances, on peut conseiller à quelqu’un qui a été exposé à l’amiante de faire un scanner de contrôle tous les trois ans.

Le Mésothéliome pleural

Ce cancer primitif se développe à partir du revêtement de la plèvre appelé mésothélium. Il est la conséquence, dans l’immense majorité des cas, d’une exposition à l’amiante. En pratique, on considère qu’il est a priori lié à une exposition à l’amiante. Le tabac n’a aucune incidence sur l’apparition de cette maladie.

Dans la majorité des cas, l’apparition d’un mésothéliome se révèle par la survenue d’une pleurésie, avec présence de liquide entre les deux feuillets de la plèvre.

Les pleurésies peuvent avoir des causes très diverses. La moitié des pleurésie sont d’origine cancéreuse, mais il s’agit le plus souvent d’une métastase à la plèvre d’un cancer d’une autre localisation. De toute façon, lorsqu’on est atteint d’une pleurésie et que l’on a été exposé à l’amiante, il est important de faire des examens complémentaires pour en préciser l’origine.

Le traitement du mésothéliome est beaucoup plus délicat que celui des cancers bronchopulmonaires. Il associe selon les cas chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie.

Le pronostic est également plus sombre. Il dépend en partie du type histologique et du stade auquel a été repérée la maladie. Cette maladie peut évoluer rapidement, mais il y a des cas de longue survie.

Ce cancer peut être repéré à un stade plus précoce chez des personnes qui bénéficient d’un suivi médical régulier par scanner, notamment pour la surveillance de lésions de la plèvre considérées au départ comme bénignes par un petscan.

Cette technique, apparue ces dernières années, permet d’identifier les zones cancéreuses sans faire de geste invasif.

Dr Lucien Privet


 

D’AUTRES ORGANES QUE LE POUMON PEUVENT ETRE ATTEINTS

Les fibres d’amiante sont capables de migrer dans l’organisme et de faire des dégâts ailleurs.

Le mésothéliome n’affecte pas seulement la plèvre

Le mésothéliome peut toucher l’enveloppe du poumon (la plèvre), mais aussi celles d’autres organes :
- le mésothéliome du péricarde
affecte l’enveloppe du cœur.
- le mésothéliome du péritoine
touche l’enveloppe qui tapisse la cavité abdominale.
- le mésothéliome de la vaginale testiculaire touche l’enveloppe des testicules.

Ces atteintes extra-pulmonaires montrent que les fibres d’amiante qui ont été inhalées ne se fixent pas toutes sur le poumon ou la plèvre.
Elles peuvent être véhiculées par la lymphe ou le sang et migrer ailleurs dans l’organisme en provoquant des dégâts dans d’autres organes.

L’amiante peut provoquer un cancer du larynx ou du côlon

Dans l’état actuel des connaissances, il commence à être admis que l’amiante provoque des dégâts dans les voies respiratoires supérieures (avant d’arriver au poumon), à savoir des cancers du larynx et de l’hypopharynx (partie basse du pharynx). Le cancer du larynx est reconnu en maladie professionnelle en Allemagne et en Belgique. En France, il n’est dans aucun tableau, mais peut être reconnu par le système complémentaire.

Il y a plus de difficultés pour les cancers du tube digestif (notamment estomac et côlon) et les cancers des voies urinaires (notamment rein). Mais il ne faut pas hésiter à tenter une procédure de reconnaissance en maladie professionnelle dans le cadre du système complémentaire, avec l’aide d’une association.


 

Un progrès important dans l’imagerie médicale
LE PETSCAN

L’utilisation du petscan ou tomographie par émission de positrons devient courante.

Le principe de fonctionnement de cet appareil repose sur une constatation : les cellules cancéreuses sont en pleine activité métabolique et consomment de ce fait beaucoup de sucre (ou glucose).
On injecte donc au patient une substance ressemblant à du glucose à laquelle on a attaché du fluor radioactif.

Quand cette substance est utilisée par les cellules cancéreuses, le fluor radioactif se décompose et émet des rayonnements qu’on enregistre à l’aide d’une caméra spéciale.

Ce système permet de repérer tout foyer cancéreux présent dans l’organisme :
- Il fournit des renseignements sur la nature d’un nodule pulmonaire isolé ou de lésions pleurales suspectes,
- Il permet de rechercher des métastases d’un cancer pulmonaire ou d’un mésothéliome, et inversement de rechercher un cancer primitif quand les lésions au niveau du poumon ou de la plèvre s’avèrent être des métastases.
- Il permet aussi de contrôler l’efficacité du traitement.


Article extrait du Bulletin de l’Andeva N° 25 (janvier 2008)