"Nous nous devions de le faire, pour Papa et toutes les victimes de l’amiante".

Le dimanche 7 octobre 2007, à 10 heures 20, nous avons vu et entendu Papa respirer pour la dernière fois. Il s’est éteint sous nos yeux, dans nos bras. Il était atteint d’un mésothéliome.

Lui, qui toute son existence n’avait fait que travailler pour que sa famille ne manque de rien, nous protéger, nous aimer…

Ses dernier mots : « Vous n’avez pas le droit de me garder ici, je veux rentrer chez moi, j’ai des droits, j’ai des droits, Madame », a-t-il crié aux infirmières.

Des droits, il en avait, oui le droit d’être informé depuis des années, avant même qu’il n’ait inhalé ou manipulé cette saloperie d’amiante, le droit de savoir le danger qu’il encourait, le droit de savoir que celle-ci pouvait lui coûter la vie, à lui et peut-être même mettre en danger celle de ses proches.

A peine 58 ans, à l’annonce de sa maladie, ce n’est pas seulement la vie d’un homme qui a été détruite, mais celle de toute une famille unie. Une épouse que Papa aimait et avec qui il partageait tant depuis 37 ans. Avec qui il avait de multiples projets dont celui de profiter enfin et en vain de la vie, de sa retraite en sa compagnie. Des filles qu’il admirait plus que tout et avec sa petite fille Ornelia, qu’il adorait plus que tout et qu’il espérait voir grandir, être là pour les moments forts de sa vie. Tout cela nous a été volé, volé par le manque d’information que Papa aurait dû avoir.

Le lendemain de ses obsèques, le samedi 13 octobre 2007, nous avons pris notre courage et nous nous sommes rendues à la manifestation organisée par l’Andeva pour les victimes de l’amiante.

Psychologiquement, être présentes ce jour-là, après les derniers moments de douleurs et derniers mois de souffrance que nous venions de traverser était très dur, mais nous nous devions de le faire pour Papa et toutes les victimes comme lui de l’amiante.

Depuis, sa présence nous manque, sa voix, son regard, son sourire. Notre premier Noël sans lui était un jour très triste. Tous ces moments de fêtes que nous avions pour coutume de partager ne seront plus que des jours douloureux pour nous sans sa présence à nos côtés.

Famille Feliciano


Article extrait du Bulletin de l’Andeva N° 25 (janvier 2008)