Brigitte Chevet avait fait un film émouvant sur les victimes d’Eternit. Elle prépare un livre avec des photos de Richard Volante.

Tu avais tourné un film de 52 minutes il y a deux ans. Aujourd’hui tu prépares un livre. Pourquoi ce choix ?

Le film est né de rencontres avec d’anciens salariés et des veuves d’Eternit à Rennes : j’ai été frappée par ce que j’ai vu. J’avais en face de moi des gens de bonne volonté, à qui on avait menti pendant des dizaines d’années, et qui mouraient, les uns après les autres… J’ai eu envie de raconter l’histoire de cette société dont la matière première était l’amiante. J’ai tourné ce film pour France 3, en me rendant sur tous les sites Eternit de France. Ce travail a été terminé en octobre 2005.

Le tournage de ce film a été pour moi très prenant. C’était une succession de rencontres jalonnées de disparitions. Deux personnes m’avaient particulièrement marquée : un ouvrier de Rennes, Daniel Bazin, décédé à 50 ans d’un mésothéliome peu après l’interview, et Robert Wuilbeaux, décédé juste après l’achèvement du film.
J’ai d’abord ressenti le besoin de faire une pause, en travaillant sur d’autres sujets. Puis j’ai revu des militants d’associations, à l’occasion de projections du film. Il y a eu aussi la relance des procédures pénales : mon film et les documents que j’avais réunis ont été saisis dans le cadre de l’enquête judiciaire. J’ai discuté avec les gendarmes. J’ai témoigné.

J’ai alors réalisé que le film ne m’avait pas permis d’aller jusqu’au bout dans ce que j’avais envie de dire. L’histoire d’Eternit est complexe. Seul l’écrit pouvait en rendre compte avec les nuances nécessaires. J’ai donc voulu reprendre un récit plus fouillé, plus écrit.

Je suis retournée sur tous les sites Eternit avec un photographe.
Au hasard des rencontres, s’est élaboré un nouveau travail, avec des récits et des photographies en noir et blanc. Richard Volante est un photographe indépendant qui travaille beaucoup dans l’Ouest. Il met beaucoup de passion dans ce projet.

Ce livre a été préparé avec les Editions de Juillet, un éditeur militant.
Un tiers des revenus du livre sera versé à l’Andeva et à Ban Asbestos. Il sera distribué uniquement par le réseau associatif militant ou les petites librairies. La sortie du livre est prévue en octobre prochain par souscription.

Qu’est-ce qui t’a motivée dans le choix de ce sujet ?

Au-delà de l’amiante, c’est le problème de la prévention et de la santé au travail qui est posé. Il y a beaucoup à faire pour changer les mentalités.
Il ne s’agit pas seulement de dénoncer des salauds de patrons qui ont empoisonné les ouvriers. Il faut tirer les leçons de l’affaire de l’amiante et faire en sorte que cela n’arrive plus jamais. Ces questions sont encore marginales dans les médias. Les gens ne réalisent pas l’ampleur des dégâts à Eternit ou aux chantiers navals de Saint-Nazaire.

Qu’est-ce qui t’a le plus marquée ?

C’est la mine d’amiante que j’ai vue en Haute-Corse. On est à peine sorti du Moyen-âge. J’ai été sidérée de voir comment Eternit avait pu se débarrasser de ce site pollué en laissant la gestion du problème à la charge de l’Etat.

J’ai aussi été marquée par la qualité humaine des personnes que j’ai rencontrées. A Rennes, où il y avait beaucoup d’ouvriers-paysans, ils subissaient la maladie sans faire le lien entre une tragédie personnelle et une tragédie collective. A Thiant au contraire où existaient des traditions ouvrières, les militants faisaient face avec combativité et dignité. Je me souviens de René Delattre, se faisant photographier sur son lit d’hôpital en regardant bien droit dans l’objectif. Des gens comme Robert Wuilbeaux ou comme lui m’ont marquée. Ils sont restés debout jusqu’à leur dernière seconde de vie. J’ai beaucoup appris en les rencontrant. J’avais envie de faire partager cela dans un livre.


Pour le film « Mourir d’amiante » (52 minutes)

Aligal production,
21 rue Moreau de Jonnes
35000 Rennes
(02 23 20 70 70)

Pour commander le livre « Mourir d’amiante »

Récit de Brigitte Chevet,
photos de Richard Volante
( à paraître en octobre)

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Chèques à l’ordre de : Editions de Juillet,
16, rue Landrel
35135 CHANTEPIE

Contact : 06 61 12 01 81
ou 06 81 28 09 84

Mail : editionsdejuillet @hotmail.com


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°22 (avril 2007)