Préalable à la réfection de la couverture de l’école des Champs-d'Aloup de Sens en avril, le retrait des plaques ondulées en fibrociment de sous-toiture, contenant de l’amiante, a été effectué pendant ces vacances de février. L'établissement compte parmi les cinq écoles sénonaises dont les diagnostics techniques amiante recommandent des actions correctrices qui seront engagées, pour l'essentiel, au cours de l'été 2019.

Depuis que l’amiante dans les écoles est devenue une cause majeure prise en charge par l’Andeva au niveau national, des associations locales se sont également engagées dans cette voie. Parmi celles-ci, l’Addeva 89 dont le président Patrick Thourigny estime qu’il s’agit là d’un « d’un enjeu de santé publique sous-estimé ». « Un tiers des écoles primaires en France n’ont pas fait de diagnostic technique amiante, un document pourtant obligatoire. Ce qui veut dire que dans une école sur trois, on ne sait même pas s’il y a de l’amiante dans le bâtiment », relève Patrick.

Cette donnée est tirée d'un rapport de l’Observatoire national de la sécurité des établissements scolaires de 2016 ressorti par l’association pour alerter les pouvoirs publics. Ce document révèle également que « 85 % des 63.000 établissements scolaires en France ont au moins un de leurs bâtiments dont la construction est antérieure à 1997 ».

L’ambition de l’Addeva, association reconnue d’intérêt général, est de remettre à l'ordre du jour ces faits aussi inquiétants qu'ignorés. « Le problème de l’amiante n’est pas derrière nous. Au contraire, le danger s’accroît au fil du temps, avec le vieillissement des bâtiments, insiste Patrick Thourigny. Le premier angle d’attaque de l’Addeva 89 est donc d’inviter les collectivités icaunaises à rendre public les dossiers techniques amiante faisant l’inventaire de la présence éventuelle d’amiante dans les écoles dont elles ont la charge. « Pour ce faire, nous avons envoyé 256 courriers aux maires du département et 300 aux directeurs d’écoles. » 

Comme en écho à cet engagement associatif, les opérations de désamiantage de la sous-toiture de l’école des Champs d’Aloup à Sens (89) viennent de s’achever. « Une société d’expertise a confirmé que toutes les plaques ondulées en fibrociment contenant de l’amiante avaient été retirées », indique Paul-Antoine de Carville, adjoint au maire de Sens en charge de l’amélioration du cadre de vie. Tout comme cette première tranche de travaux réalisée pendant les vacances février - donc en l’absence des enfants - la restauration de la couverture sera réalisée pendant les congés d’avril 2019. Un chantier estimé à près de 200.000 euros.

La municipalité sénonaise s’est sentie tenue de communiquer à nouveau sur le sujet après la confusion qui avait accompagné les deux derniers jours de cours avant les vacances de février : suspectant à tort une exposition à l’amiante, un enseignant avait provoqué l’évacuation des écoliers le 14 février 2019 et fait valoir son droit de retrait le lendemain, avant que tout ne rentre dans l’ordre.

Le repérage des matériaux et produits pouvant contenir de l’amiante a été rendu obligatoire, pour les bâtiments dont le permis de construire a été délivré avant le 1er juillet 1997, afin d’évaluer leur état de conservation et d’estimer si des fibres sont susceptibles ou non d’être libérées dans l’air ambiant.

À Sens, la Ville annonce avoir réalisé un diagnostic technique amiante (procédure obligatoire) dans les dix-huit écoles dont elle a la charge au cours de l’année 2017. "Trois écoles doivent faire l’objet d’actions correctives légères : Jules-Ferry, Champ-d’Aloup et Aristide-Briand, détaille l’élu. Deux, d’une recommandation de type AC2, nécessitant des travaux qui seront engagés dès cet été, la maternelle Bellocier et celle des Chaillots. Mais cela ne vise pas les salles de cours." 

En 2019, 76.000 euros seront mobilisés par la municipalité pour financer ces mesures correctives. « L’école Aristide-Briand fera l’objet d’un programme de rénovation plus vaste entre 2020 et 2022. » Paul-Antoine de Carville assure en revanche « que les enseignants et chefs d’établissements ont été tenus informés des diagnostics amiante ».

 

D’après un article de Franck Morales dans l’Yonne Républicaine