Quatre responsables d’entreprises, ayant participé au désamiantage partiel de la coque réalisé par la société Technopure entre 2004 et 2005 à Toulon, ont été mis en examen début juillet par le parquet de Marseille.
Les surfacturations dépasseraient les 600 000 euros.

L’enquête du parquet de Marseille, saisi en juin 2006 par la cellule du ministère des Finances spécialisée dans la lutte contre l’argent sale, a révélé une série de surfacturations et de bordereaux fictifs liés à des prétendus travaux de désamiantage du Clemenceau. Le gérant et le chef de l’entreprise Technopure ont été placés en détention provisoire dans le cadre de cette procédure pour « abus de biens sociaux, faux et usages de faux et corruption de personnes privées ».
Deux autres chefs d’entreprise, mis en cause à un moindre niveau, ont également été mis en examen mais laissés en liberté sous contrôle judiciaire. Du côté de l’Andeva et du Comité anti-amiante de Jussieu, on n’est pas surpris de ce nouveau rebondissement dans l’affaire du Clemenceau. Les associations avaient en effet dénoncé dès le début le montage de l’opération ainsi que la réalisation de travaux bâclés, laissant une grande partie de l’amiante à bord. L’État français avait en effet choisi de passer par l’intermédiaire d’une société de droit panaméen, SDI, créée spécialement pour cette opération et destinée à disparaître une fois celle-ci terminée. Cette société s’était alors entendue avec la société de désamiantage Technopure pour faire, avec l’aval de l’État, un « vrai-faux » désamiantage du Clemenceau. Dans ces conditions, les malversations étaient presque inscrites dans le montage choisi par le gouvernement.

Opacité sur les futurs travaux

Si les associations se félicitent de ces poursuites judiciaires contre SDI et Technopure, elles demandent que toute la lumière soit faite sur cette affaire, notamment sur les responsabilités de ceux qui ont organisé le montage et couvert les opérations au niveau de l’État.
Elles ont d’autant plus de raisons d’être inquiètes qu’elles soulignent n’avoir plus aucune information quant aux futurs travaux de désamiantage programmés par le ministère de la Défense. Après le retour du Clemenceau à Brest, les associations avaient pu suivre pendant un temps les opérations et même être associées à l’élaboration du cahier des charges pour le repérage de l’amiante à bord. Le couvercle s’est hermétiquement refermé depuis quelques mois, alors que le ministère de la Défense est justement en train de sélectionner le groupement d’entreprises auquel sera confié le désamiantage et la démolition du navire.
L’Andeva et le Comité anti-amiante ont reçu le 31 juillet un courrier du cabinet du ministre de la Défense dans lequel il leur est signifié que le respect de la procédure de marché public contraint le gouvernement à la confidentialité.
Cet argument n’a cependant pas convaincu les associations, lesquels estiment être en mesure de respecter la confidentialité de la procédure du marché public.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°24 (septembre 2007)