Suite à la mobilisation du Comité anti-amiante de Jussieu pour éviter le naufrage de l’établissement public chargé du désamiantage, la ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a mis fin aux fonctions de la nouvelle directrice parachutée à ce poste.

Martine de Nadaillac, ancienne collaboratrice de Jacques Chirac à la Mairie de Paris, avait été recasée en janvier dernier à la direction de l’établissement public du campus Jussieu (EPCJ) au salaire exorbitant selon les associations de 12 500 euros par mois. L’ancien directeur de l’établissement chargé des opérations de désamiantage a quant à lui été brutalement débarqué alors que son travail ne souffrait d’aucun reproche.
N’ayant à l’évidence pas le profil pour prendre la direction d’un tel chantier, la nouvelle directrice a provoqué en quelques semaines la démission du tiers des personnels de l’EPCJ dont l’ensemble des responsables de services. « L’établissement public est en fait pratiquement détruit et sera à très brève échéance dans l’incapacité d’assumer sa mission de conduite du chantier », met en garde le président du Comité anti-amiante de Jussieu dans une lettre adressée fin mai à Valérie Pécresse.
Transmis à plusieurs quotidiens, ce courrier a été rapidement eu l’effet escompté. La ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a mis fin en juin aux fonctions de Martine de Nadaillac comme le demandait l’association.
Dans la lettre adressée à Valérie Pécresse, le comité anti-amiante en profite pour dresser un bilan pour le moins critique des opérations de désamiantage du campus. Alors que le contrat de désamiantage signé il y a dix ans prévoyait la réalisation des travaux et la mise en sécurité de l’établissement public pour 2000, seuls 20% des locaux ont été désamiantés et rénovés, 37% sont toujours en chantier.

43% des locaux toujours contaminés

Qui plus est, l’amiante est toujours présente dans près de la moitié des locaux et les activités universitaires continuent de s’y dérouler. Les risques sont certes moindres qu’il y a dix ans, certaines mesures de protection ayant été prises. Mais les installations vitales de l’université sont toujours au contact de l’amiante, ce qui pose notamment le problème de la sécurité des techniciens de maintenance. « Les raisons de ce retard ne sont pas techniques mais politiques », dénonce Michel Parigot. « A aucun moment les responsables politiques n’ont fait prévaloir les impératifs de santé publique ».
Selon le comité, les arguments de santé publique sont même détournés au profit de considérations immobilières et universitaires variant au gré des changements de ministres et des opérations de lobbying. « Au lieu de désamianter le campus, on a préféré construire ailleurs de nouveaux bâtiments prestigieux dont il reste à montrer l’utilité », continue le président du Comité anti-amiante.
Reste à savoir si le futur directeur de l’EPCJ saura reconstruire l’établissement public très affaibli ces derniers mois. Surtout, l’établissement public aura-t-il la latitude nécessaire pour mener des travaux qui n’ont visiblement pas toujours été une priorité politique.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°24 (septembre 2007)