Une convention a été signée entre l’Adeva et le Centre hospitalier public du Cotentin. Une psychologue clinicienne à mi-temps assure des consultations de soutien à l’hôpital public pour les victimes de l’amiante.

Cette création de poste, qui a pris effet début avril, répond à une demande de l’Adeva Cherbourg. « C’est le fruit d’un long travail de l’association, explique Didier Sayavera, son président. Nous avons saisi le député local. Puis, nous avons rencontré la directrice de l’agence régionale d’hospitalisation. Une convention a été signée en juillet 2007 entre l’Adeva Cherbourg et le centre hospitalier du Cotentin. Et la psychologue est entrée en fonction début avril. »

Un grand besoin de parler

Cette initiative répond à une attente forte. « Nous recevons tous les jours des victimes et des familles fragilisées par la maladie ou le deuil, explique Françoise, secrétaire administrative de l’Adeva Cherbourg. Toutes ont un grand besoin de parler. »
« L’annonce d’une maladie due à l’amiante a toujours un fort retentissement psychologique, y compris lorsqu’il s’agit d’une maladie que les médecins qualifient de « bénigne ». Dans notre région, il y a de très grandes entreprises comme les chantiers navals (DCN, CMN ) et leurs sous-traitants. Les victimes de l’amiante s’y comptent par centaines. On en parle beaucoup. On entend souvent dire qu’une personne est « décédée de l’amiante » sans autre précision sur sa maladie… C’est pourquoi, lorsqu’un médecin annonce à quelqu’un qu’il a une « maladie de l’amiante » — qu’il s’agisse d’un cancer ou d’une fibrose — sa première réaction est souvent « combien de temps me reste-t-il à vivre ? », et non : « combien vais-je toucher ? ». Après l’annonce, les gens ont besoin de parler, d’exprimer leur colère, leur inquiétude sur leur avenir et celui de leurs proches.
A l’association, ils trouvent une écoute, des explications sur leur maladie et sur leurs droits. Mais nous n’avons pas la formation de psychologues professionnels.
 »

Dans l’esprit de la loi sur les droits des malades

« La convention que nous avons signée s’inscrit dans l’esprit de la loi du 4 mars 2002 sur les droits des malades, dont le préambule souligne qu’il s’agit de «  rendre les patients acteurs de leur propre santé et des décisions de santé publique  », poursuit Didier.
Nous passons maintenant à son application pratique .
Aujourd’hui, nous avons eu une rencontre au siège de l’association avec la psychologue. Nous avons eu une discussion approfondie sur l’organisation concrète du soutien.
 
Il est prévu pour le moment qu’elle travaille à l’hôpital, en relation avec le service de pneumologie. Le médecin signalera à ses patients qu’un suivi psychologique est possible pour ceux qui le souhaitent. S’ils sont intéressés, il les orientera vers la psychologue ».

Vers la mise en place de groupes de parole ?

« Nous pensons que la consultation individuelle à l’hôpital ne suffit pas.
Nous souhaitons qu’elle vienne, une fois par mois, au siège de notre association pour animer des groupes de parole, où les victimes et les familles puissent parler collectivement de leur ressenti hors du milieu hospitalier.
Cette demande s’inspire de ce qui a été fait par l’Adeva 76 en Haute Normandie. Elle n’a pas abouti pour le moment. »
La psychologue a été embauchée avec un contrat de six mois, au terme duquel sera fait un premier bilan.
« Nous ferons tout pour que cette initiative réussisse et qu’elle dure,
 explique Didier. Nous allons diffuser l’information à tous nos adhérents ».


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°26 (mai 2008)