« Pour obtenir réparation de leurs maladies professionnelles, les assurés sont soumis à des expertises médicales conduites par les médecins-conseils de la Sécurité sociale et, en cas de contestation devant les tribunaux, par des médecins experts indépendants.
Pour relayer les plaintes de salariés victimes de l’amiante concernant ces expertises, le Comité Amiante Prévenir et Réparer (Caper) a réalisé une compilation de « paroles de victimes ».

Premier élément récurrent à la lecture de ces témoignages, la relation entre l’assuré et l’expert se déroule dans un climat de suspicion :
l’expert donne le sentiment à la victime de nier ou minorer sa maladie et d’être parfois un acteur partial, d’autant plus lorsqu’il est désigné par la Sécurité sociale pour évaluer un préjudice que celle-ci doit indemniser.
Les personnes ont l’impression de subir un « interrogatoire », sans par ailleurs être véritablement écoutées, ni qu’une attention suffisante soit accordée à leur dossier médical. Souvent, de longs délais s’écoulent entre la consultation et la remise du rapport.

La qualité des rapports d’expertise est aussi mise en cause : rédigées de manière succincte et pas toujours intelligible, les conclusions ne donnent pas lieu à une discussion préalable, alors que certains malades peuvent estimer que leurs propos ont été déformés ou que tel ou tel élément a été négligé.

Certes, la tentation est toujours grande de considérer que l’expertise de mauvaise qualité est celle qui ne va pas dans le sens espéré par celui qui n’a pas eu gain de cause. Il faut néanmoins prêter attention à ce vécu des expertises par certaines victimes et réfléchir aux moyens de renforcer leur légitimité. »

Extrait d’un article paru dans
« Médiateur actualité »,
journal du médiateur de la République


Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°26 (mai 2008)