A l’initiative des Mutuelles Santé Plus, 300 personnes ont assisté à une journée de débats sur « l’amiante : un drame sans frontières », au Palais des Congrès de Strasbourg. Venus d’Italie, de Suisse, d’Espagne ou de plusieurs régions de France, des associations de victimes, des syndicalistes, des mutualistes ont échangé leurs expériences et discuté des perspectives d’action communes.


Après une introduction d’Antoine Di Ruzza, président de Mutuelle Santé Plus, quatre forums permirent de faire le point sur la situation en Europe. Chacun était précédé du témoignage filmé d’une victime ou d’une veuve d’un pays différent : ces reportages poignants révélèrent une frappante similitude des conditions de travail et des souffrances vécues.

Le premier des quatre forums avait pour thème « identification, soins, suivi post-professionnel ». Eric Jonckère, président de l’Abeva, l’association belge des victimes de l’amiante, dit comment sa famille fut décimée par l’amiante. Le docteur Omar Brixi fit un bilan critique des politiques des institutions de santé. Annie Thebaud-Mony, du Giscop 93 et porte-parole de Ban Asbestos France évoqua le suivi des cancers professionnels en Seine-Saint-Denis.

Le second forum dressa un état des lieux sur « Réparation et Indemnisation ». Françoise Iselin, du Caova, expliqua l’action de son association en défense des victimes dans les conditions difficiles de la Suisse. Bruno Pesce, coordinateur des associations de victimes italiennes d’Eternit dit que l’assainissement des sites publics et privés contaminés à Casale Monferrato est financé par l’Etat, la région et la commune. Nicolas Pondrano raconta la remise en cause par Berlusconi du système qui accordait une bonification aux ouvriers italiens exposés à l’amiante. Alain Bobbio évoqua les avancées obtenue par le mouvement des victimes et l’Andeva en France mais aussi la contre-offensive du patronat pour mutualiser les dépenses et tirer vers le bas le montant des indemnisations.

Au forum sur « la bataille du Droit », Angel Corcoba, syndicaliste des commissions ouvrières espagnoles, évoqua le travail de mémoire engagé sur l’histoire de l’amiante en Espagne et proposa plusieurs pistes de réflexion. Sergio Bonetto expliqua la procédure pénale engagée par 3000 victimes italiennes contre les plus hauts dirigeants de la multinationale Eternit. François Lafforgue fit l’historique des évolutions réglementaires et jurisprudentielles sur l’amiante, et analysa la réglementation européenne. Pierre Pluta relata la lutte des veuves et victimes de Dunkerque que et montra l’importance d’un procès pénal. Il proposa que des actions internationales soient envisagées lors du procès de Turin contre Eternit et lors du procès de l’Institut du chrysotile canadien contre deux responsables de l’Andeva.

Le quatrième forum souligna l’importance du mouvement social, avec des interventions de Georges Arnaudeau (association Allo Amiante), Yves Bongiorno (CGT) Thierry Braillon (Mutuelles de France), Patrick Roy (groupe parlementaire amiante), Vittorio Agnoletto, député européen.
Un responsable des Mutuelles tira les leçons des débats et lança un appel à la création d’un réseau international.

Une même volonté se retrouvait chez tous les participants : prolonger cette réunion par d’autres rendez-vous sans frontières.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°28 (janvier 2008)