Judith DEMIAUTE et Fabrice RAYER, du département Risques professionnels, expliquent l’action menée par la caisse sous la direction de Monsieur Pierre ALBERTINI pour le suivi médical des retraités et
des chômeurs qui ont été exposés à l’amiante.

L’Addeva 93 souhaitait qu’un suivi médical post-professionnel soit proposé à tous les bénéficiaires de l’allocation de cessation anticipée d’activité amiante (Acaata). Qu’en est-il aujourd’hui ?

J. Demiaute : Fin 2007, la caisse primaire a demandé à la caisse régionale (la CRAMIF) une liste de tous les demandeurs de cette allocation depuis sa création. Certains ont été écartés (doublons, décès, déménagements, personnes en activité…) ; 441 personnes sur 663 ont été finalement retenues.
Nous leur avons écrit pour proposer ce suivi, en donnant un numéro de téléphone pour ceux qui auraient des questions à poser. Il y eut beaucoup d’appels. Nous nous attendions à trouver du stress chez ceux qui téléphonaient. En fait, ils étaient plutôt satisfaits de l’initiative et posaient surtout des questions sur la finalité du suivi et leurs droits, compte tenu de leur situation personnelle. Nous n’avons pas voulu déléguer cet accueil téléphonique. Il est assuré par des responsables de ce suivi.

Un an après, quels sont les résultats de votre action ?

F. Rayer : Nous avons délivré 120 accords de prise en charge à des bénéficiaires de l’Acaata, 14 refus (décès, changements d’adresses, assurés en activité...).
En Seine-Saint-Denis, le nombre total de demandeurs d’un suivi post-professionnel est passé de 50 en 2007 à 217 en 2008.

Les malades de l’amiante sont-ils concernés ?

J. Demiaute : Le suivi des personnes qui ont un cancer reconnu en maladie professionnelle entre dans un autre cadre réglementaire. Elles peuvent bénéficier d’un suivi post-consolidation.
Par contre celles qui ont des plaques pleurales peuvent, si elles le souhaitent, bénéficier, d’un suivi post-professionnel.

S’agit-il d’une initiative ponctuelle ?

F. Rayer : Nous voulons que cette action soit pérenne. Nous nous sommes dotés d’une base de données qui permet un suivi des dossiers et une reconvocation à chaque échéance. Cet outil développé par la CPAM 93, a été mis à disposition des autres caisses primaires d’Ile-de-France.
Au début, cette démarche demande un travail long et fastidieux. Puis, la charge s’allège. Chaque semestre, la CRAMIF nous envoie un listing des nouveaux demandeurs de l’Acaata
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Avez-vous un retour sur les examens effectivement passés, les maladies déclarées et reconnues ?

J. Demiaute : Il est demandé aux médecins de remplir un formulaire papier. Tous ne le font pas. C’est pourquoi nous ne disposons pas de chiffres fiables pour le moment. Nous souhaitons que ce suivi soit un acte dématérialisé, gérable avec la carte Vitale. Cela faciliterait le retour d’information.

Quelles sont les modalités des examens ?

F. Rayer : L’Addeva 93, avec qui la caisse primaire a signé un accord de partenariat, nous a demandé d’explorer la possibilité d’un suivi médical par scanner des personnes exposées à l’amiante. Au vu des résultats de la conférence de consensus et des expériences régionales, nous avons accepté de mettre en place ce suivi par scanner à titre expérimental pour 2009. Il devrait améliorer la qualité du repérage. Son impact financier reste limité.

Cette action sur le suivi médical trouve sa place dans le cadre d’un travail en réseau sur le 93 ?

J. Demiaute : La CPAM 93 travaille en réseau depuis des années sur les cancers professionnels avec la caisse régionale, les médecins du travail, la consultation de pathologies professionnelles, le GISCOP, le Centre d’examens de Santé de Bobigny, les services sociaux…
Ce travail en réseau crèe une dynamique d’aide et d’accompagnement des victimes de maladies professionnelles dans leurs démarches pour faire valoir leurs droits.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°28 (janvier 2009)