En tête du cortège : une victime de l’amiante avec sa bouteille d’oxygène, un juge avec sa robe de magistrat.
Les premières plaintes au pénal ont été déposées il y a douze ans. La maladie va plus vite que la justice...

« Dans le Nord, il est courant de voir des géants défiler. A Paris c’était une première, explique Patrice Raveneau. Mireille a contacté Patrick Roy, député-maire de Denain et président de la commission parlementaire amiante. Il en a prêté deux gratuitement pour la manifestation. Une couturière de Brie-sur-Marne a réussi à coudre la robe d’un juge de 4,50 mètres de haut ! Elle a travaillé sur plans, puis nous avons vérifié les dimensions sur place… Nous avons fait des essais avec les services techniques de la mairie, puis organisé le transport de Denain à Paris. Les géants ne rentraient pas dans le camion ! Il a fallu les démonter, puis les remonter en arrivant à Paris. Une première équipe de bénévoles s’est occupée du montage, une seconde du défilé : quatre personnes par géant, en bon état physique, car il fallait les pousser, les diriger et les retenir à l’aide de cordages dans les descentes. La présence de ces géants n’était pas artificielle. Elle a symbolisé l’exigence d’un procès pénal. Le message a été bien repris dans les medias. »

Patrick Roy participait à la manifestation. « L’amiante me concerne en tant qu’homme et en tant que député. Ma région a été très durement touchée. Il faut obtenir des indemnisations mais aussi que justice soit rendue. Aujourd’hui, on observe plutôt un recul, une frilosité du pouvoir en place. Ce qui me désole dans cette affaire c’est qu’il ne s’agit pas de catastrophe naturelle, mais d’un drame évitable. Envoyer des gens à la mort, cela s’appelle un assassinat. C’est pour cette raison que je me bats dans l’espoir que le combat judiciaire aboutisse.
Cette question pénale est cruciale, si rien n’est fait, le risque est grand de voir d’autres affaires de ce type se produire. Il faut faire un exemple.
 »


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°28 (janvier 2009)