Assurer le succès d’une manifestation de victimes de l’amiante à Dunkerque, malgré l’éloignement géographique, malgré l’approche des vacances et malgré un changement de date, c’était un pari difficile. Il a été gagné : à 14 heures, le 20 juin, plus de 2000 personnes se sont retrouvées devant la stèle en mémoire des victimes de l’amiante, au coeur du site portuaire.

Aux côtés des veuves et les victimes de l’amiante dunkerquoises qui avaient lancé la bataille sur le pénal il y a trois ans, se sont retrouvées des victimes, des familles, des amis, des collègues et des associations venues de la France entière.

Malgré les problèmes de santé liés à la maladie et aux fatigues d’un voyage souvent très long, ils avaient tenu à être présents pour dire qu’il est impensable dans un État de droit qu’une catastrophe sanitaire qui fait 3000 morts par an n’ait ni responsable ni coupable, que les magistrats doivent avoir les moyens de mener une instruction de qualité dans les meilleurs délais et que la suppression du juge d’instruction est inacceptable.

Cette marche silencieuse n’était pas une manifestation comme les autres.
Elle avait une dimension européenne, avec la présence d’une délégation des associations de victimes italiennes et belges, et des messages de solidarités de Suisse et d’Allemagne.

La solidarité internationale des victimes de l’amiante était au rendez-vous.
Elle était aussi remarquable par la présence de la secrétaire de l’USM, organisation syndicale qui représente 65% des magistrats.

Cette présence, comme celle de nombreux élus locaux et celle de la Ligue des droits de l’Homme, montre l’importance des enjeux de cette manifestation : elle ne concernait pas seulement les victimes de l’amiante. Elle posait une question fondamentale de société : celle des moyens et de l’indépendance de la Justice dans un État de droit.

Après ce succès le combat continue. Prochaine étape : le 10 octobre à Paris.

Léa Veinberg

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°30 (septembre 2009)