L’amiante a été interdit en 1997, mais, sauf dans les navires de construction récente, on trouve aujourd’hui de l’amiante dans tous les bâtiments de la marine nationale.

« Certains navires de la marine nationale en sont infestés, explique Jean. Il existe des cartographies amiante, auxquelles on peut se référer, mais elles comportent toujours des zones d’ombre. Toutes les pièces amiantées ne sont pas repérées.

Quand on démonte un collecteur, on peut tomber par hasard sur un joint de clingérite en amiante. Le personnel qui assure l’intervention n’est pas toujours informé comme il faudrait, pour savoir les reconnaître du premier coup d’œil et prendre les mesures de prévention adéquates.

Bien après 1997 par exemple, on a surpris des militaires ou des sous-traitants de DCNS Toulon en train de gratter des joints amiantés dans des coursives. Personne ne les avait informés de la présence d’amiante ni du danger qu’ils couraient. J’ai travaillé 6 ans au service Santé Sécurité au Travail (SST). Je sais de quoi je parle. Les « constats « d’incidents amiante » me passaient dans les mains !! Ce sont des documents officiels, qui portent sur l’infraction à un mode opératoire réglementaire en présence de produits amiantés.

Les Comités Hygiène Sécurité et Conditions de travail (CHSCT) doivent en être informés pour analyses et décisions. Ce n’était pas toujours le cas !

Des listes de personnes exposées sont établies pour une surveillance médicale.

Nous avons alerté à plusieurs reprises le Ministère du travail. Il y a eu des enquêtes de l’inspection du travail.
Le Directeur national de DCNS de l’époque, M. Poimbeuf, a prétendu qu’il n’y avait plus d’amiante à la DCNS depuis 2003. Le lendemain de cette déclaration, tout le service SST de Toulon était sur le pied de guerre pour répertorier les établis qui en contenaient !
C’est peut-être vrai pour les locaux de la DCNS, mais certainement pas pour les navires sur lesquels le personnel de la DCNS intervient ! »


Article paru dans le bulletin de l’andeva n°32 (mars 2010)