Le 23 février, à l’appel de l’Addeva 08, les victimes de l’amiante se sont retrouvées sur l’esplanade du Palais de Justice, où ont été installés dix cercueils. Elles voulaient ainsi faire toucher du doigt l’effroyable réalité de cette catastrophe sanitaire. « L’amiante, c’est dix morts par jour, plus que l’attentat du World Trade Center chaque année » , a expliqué Claude Huet, le président de l’association de défense des victimes de l’amiante dans les Ardennes.

« Chez Foseco, l’amiante était déchargée au tractopelle et stockée en vrac dans la cour. »

Malgré la pluie, malgré la maladie, ils étaient une bonne centaine à se rassembler. Ce jour-là, plusieurs affaires étaient plaidées devant le Tass de Charleville (rentes et fautes inexcusables de l’employeur).

L’association avait saisit l’occasion pour se faire entendre : d’abord sur la nécessité de défendre l’indépendance du Juge d’instruction.

Claude Huet rappela qu’une action au pénal avait été engagée contre Deville et qu’une autre se préparait contre Foseco. Sans juge d’instruction indépendant, ces procédures n’auraient guère de chance d’aboutir… Elles sont pourtant tout à fait légitimes. «  A Foseco, l’amiante arrivait par camions et par trains, raconte Claude.
Il était déchargé au tractopelle. Il y avait des stocks d’amiante en vrac dans la cour ».

Chez Foseco, on compte aujourd’hui une centaine de victimes : des salariés, mais aussi des épouses, contaminées en lavant les bleus de leur mari.

Cette manifestation permit aussi de rappeler que le Tass de Charleville est toujours en sursis. Les victimes de l’amiante veulent son maintien.

A l’ouverture de l’audience la Présidente expliqua les raisons de la mobilisation en cours.

DIX MAÇONS FUMISTES

Ils étaient dix maçons fumistes, qui travaillaient aux Hauts
fourneaux de la Chiers, dans les Ardennes.
Ils cassaient les isolants des fours au marteau-piqueur, et déblayaient les matériaux réfractaires chargés d’amiante à la pelle.

En cinq ans, Joseph avait vu tous ses collègues emportés par l’amiante, les uns après les autres. Il était le seul survivant.

L’amiante l’a rattrapé à son tour. Atteint d’un mésothéliome, il devait témoigner dans le film de José Bourgarel : « Amiante, 100 000 cercueils ». La maladie ne lui en a pas laissé le temps. Il est mort en juin 2009.


Article paru dans le bulletin de l’andeva n°32 (mars 2010)