C’est la première fois que le directeur d’hôpital parisien est mis en examen pour homicide et blessures par imprudence et mise en danger de la vie d’autrui. D’autres mises en examen pourraient suivre dans d’autres hôpitaux de l’AP-HP.

Le 20 juillet, Marie-Odile Bertella-Geoffroy, juge d’instruction, au pôle de Santé Publique du tribunal de grande instance de Paris, a notifié sa mise en examen à Patrick Lambert, ancien directeur de l’hôpital Saint-Louis, qui a dirigé l’établissement de 1995 à 200 pour homicide et blessures volontaires et mise en danger de la vie d’autrui.

Cette mise en examen fait suite à une plainte pénale déposée en 2005 par la CGT de l’hôpital Saint-Louis.
L’instruction a été étendue aux 38 hôpitaux de l’AP-HP suite à une plainte de la fédération CGT.

Le 9 janvier 1996, la direction de l’AP-HP avait publié une note aux directeurs d’établissement demandant la suppression de « tout l’amiante sous deux ans ». Au total, quelque 28.000 mètres carrés avaient été identifiés comme en « niveau à risque » (des calorifugeages, des flocages et des faux-plafonds).

Pourtant, près de dix ans plus tard, le 30 septembre 2005, seuls 26 sites sur 50 avaient respecté l’obligation réglementaire de faire réaliser un dossier technique amiante (DTA) par un organisme agréé dressant un inventaire complet de la présence d’amiante dans l’hôpital et évaluant l’état de dégradation de chacun des matériaux.

En mars 2005, suite à l’action du CHSCT, la direction de l’AP-HP avait présenté un plan amiante.

L’AP-HP indique que "le nombre de maladies professionnelles déclarées et reconnues s’établit à 132". Le nombre réel de maladies est sans doute plus élevé.

D’autres mises en examen devraient suivre.


Février 2005 : l’électrochoc

En février 2005, le CHSCT apprend l’existence de plaques pleurales chez 19 agents de maintenance. Un véritable électrochoc pour le personnel concerné !

« L’amiante, ce n’était pas la première fois qu’on en parlait, expliquait alors une élue au CHSCT central qui couvre 39 établissements, mais en milieu hospitalier, ce n’était jusque-là qu’un risque parmi d’autres . »
Une procédure de danger grave et imminent est ouverte. En visitant les sous-sols de l’hôpital Saint-Louis on peut toucher, l’amiante, effrité, en tendant la main vers le plafond. « Ceux qui travaillaient là ont pris conscience des dangers de l’amiante. Certains ont eu du mal à reprendre le boulot »

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°36 (septembre 2011)