200 personnes se sont rassemblées devant la préfecture à l’appel de l’intersyndicale des fonctionnaires de Loire Atlantique (CFDT, CFTC, CGT, CGT-FO, FSU, Solidaires, UNSA) et de l’Addeva 44.

Devant la préfecture, plus de 200 fonctionnaires de Loire-Atlantique, portant masques et combinaisons, se rassemblent pour mettre l’État en demeure de prendre ses responsabilités vis-à-vis des salariés qu’il emploie. L’intersyndicale est reçue par deux collaborateurs du Préfet.

« C’est l’Etat qui est responsable de notre santé »

30% des bâtiments publics contiennent encore de l’amiante. « Cette réalité n’est pas prise en compte. C’est l’État qui est responsable de notre santé, mais il ne nous protège pas. Quand nous tombons malades, il rechigne à nous reconnaître en maladie professionnelle », explique un membre de l’intersyndicale.

« Comme les victimes de Jussieu, les amiantés du Tripode sont des figures emblématiques d’un combat qui n’est pas prêt de cesser, ajoute Roland Hottelard, président de l’Addeva 44. L’association est aux côtés des fonctionnaires du département. L’État est un mauvais employeur, il ne s’occupe pas de ses salariés ! Sur Terre les êtres humains ne doivent-ils pas être traités tous de la même façon ? Les travailleurs du privé et du public doivent bénéficier du même suivi médical professionnel et post-professionnel. »

Nantes et sa région ont été grandement touchés par l’amiante. On en trouve au Tripode et dans les bâtiments publics, mais aussi dans la navale, la métallurgie, les ports et docks. Le nombre de malades est élevé. Il augmentera encore dans les années à venir.

Recenser tous les bâtiments amiantés

L’amiante n’a pas été éradiqué des bâtiments occupés par des personnels hospitaliers, territoriaux ou agents de l’État. Les dirigeants minimisent les risques assurant qu’il n’y a pas de danger. L’intersyndicale réclame des mesures de prévention : « Nos locaux sont en permanence en travaux, à cause des évolutions techniques et des multiples restructurations... Beaucoup d’interventions sont faites sans précaution, contaminant les personnels de ces sites et les salariés des entreprises extérieures… ». Ces expositions invisibles vont générer des fibroses et des cancers dans les prochaines décennies.

Les fédérations syndicales des Finances ont obtenu une cartographie précise des bâtiments amiantés mais ce n’est pas le cas des administrations et secteurs publics du département. L’intersyndicale demande le recensement de tous les bâtiments amiantés et une expertise de spécialistes indépendants.

Depuis 2005 les propriétaires d’immeubles doivent réaliser un Dossier technique amiante (DTA) inventoriant les matériaux amiantés en évaluant leur état de dégradation. L’intersyndicale demande l’accessibilité des DTA à tous les occupants de ces sites et la mise en place d’une signalétique amiante sur tous les matériaux contenant de l’amiante, pour éviter les contaminations accidentelles.

Elle réclame aussi un recensement et un suivi médical des agents exposés. « Il faut inciter vos collègues qui sont à la retraite à demander un suivi, dit Aline Chitelmann, de la CGT. Certains n’ont travaillé que quelques années sur un site amianté. Quand il y a des travaux dans un bâtiment, il faut prévenir les ouvriers pas toujours au fait des mesures de sécurité à observer. Au site de Cambronne à Nantes que l’on a dit désamianté, certains ont travaillé sans savoir ce qu’ils risquaient. »
« Les conditions de reconnaissance en maladie professionnelle restent très difficiles, constate un tract de l’intersyndicale. La règle inique appliquée pour les fonctionnaires est que la preuve du lien entre exposition et maladie est à la charge de l’agent ! Nous demandons au Préfet l’alignement sur la règle du secteur privé pour tous les fonctionnaires malades de l’amiante, comme les agents du Tripode l’ont obtenu par la lutte ».

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°36 (septembre 2011)

Léa Veinberg