Je touche l’allocation de cessation anticipée des travailleurs de l’amiante (l’ATA) depuis septembre 2005.

J’ai commencé ma carrière dans le privé en travaillant pendant quatorze ans aux ex chantiers de la Seyne-sur-mer.

En 1989, après la fermeture des chantiers, j’ai travaillé à l’arsenal de Toulon, qui est un établissement industriel de l’État avec un régime spécial de Sécurité sociale. C’est lui qui me verse aujourd’hui mon allocation de cessation anticipée.

Quand le gouvernement a annoncé l’automne dernier que l’âge de référence pour l’ATA resterait finalement à 60 ans, j’ai pensé que j’allais pouvoir toucher ma retraite à la même date que les autres allocataires.

Or un ami m’informe qu’une directive de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (la CNAV) datée du 2 août 2011 exclut les salariés exposés à l’amiante, dont l’allocation est servie par un régime spécial de Sécurité sociale.
Cette discrimination m’indigne et me révolte.
J’ai travaillé 30 ans au contact de l’amiante. Je sais les maladies que cette exposition peut provoquer. J’ai vu des collègues en souffrir et en mourir.

Ma situation - et celle de tous ceux qui sont dans mon cas - est kafkaïenne : J’ai été affilié au régime général puis à un régime spécial de Sécurité sociale. Ni l’un ni l’autre ne conteste que j’ai droit à l’ATA parce que j’ai travaillé aux chantiers et à la DCN. Mais, depuis que je suis affilié à un régime spécial, le régime général ne me connaît plus !

Si j’en crois cette circulaire de la CNAV, je ne peux prétendre à la liquidation de ma pension du régime général à 60 ans puisque je dépends d’un régime spécial !
Partir ou rester ? Aurai-je le choix ?
Si je pars à 60 ans, ma pension ne prendra en compte que les années du régime spécial et sera amputée de plusieurs centaines d’euros par mois !
Si je reste à l’ATA jusqu’à 62 ans, je subirai une perte financière importante, puisque ma future pension complète (régime général plus régime spécial) devrait être plus importante que mon ATA.

Comment osent-ils parler d’égalité et de justice, quand ils font des discriminations pour des centaines de salariés contaminés par l’amiante ?
J’invite toutes les personnes concernées à réagir avec l’Andeva pour faire valoir leurs droits.

Christian

(Un adhérent de l’Andeva en colère)


Article tiré du Bulletin de l’Andeva N°36 (septembre 2011)