Le Canada est historiquement LE producteur d’amiante dans le monde, LE promoteur du commerce de l’amiante depuis 130 ans et LE promoteur des mensonges destinés à perpétuer ce commerce. Il a exporté soixante millions de tonnes dans le monde (dont la moitié vers les États-Unis). Depuis deux décennies les exportateurs canadiens d’amiante ont dû se résoudre à abandonner le marché américain et européen, ils visent maintenant les pays d’Asie (Inde, Chine, Indonésie, Thaïlande…)

L’histoire de l’amiante est loin d’être terminée au Canada, Mais novembre 2011 pourrait être une date clef : le Canada ne produira plus d’amiante dans les mois qui viennent.

Novembre 2011 :
la mine Lac d’amiante ferme

Début 2008, il y avait encore trois mines en activité au Québec : Bell Mine, Lac d’amiante et Jeffrey.

En 2008 Bell Mine a fermé, Jeffrey Mine a suspendu ses opérations et s’est lancée dans une opération risquée à la chasse aux investisseurs et au cadeau gouvernemental en demandant une garantie de prêt de 58 millions de dollars au gouvernement du Québec.

Lac d’amiante vient d’annoncer sa fermeture pour une durée indéterminée.
Ce n’est pas la première fois que la mine cesse ses activités mais cette fermeture semble cette fois-ci définitive. Officiellement elle est la conséquence d’un éboulement survenu en 2010.

Une relance serait à l’étude pour l’année prochaine.

En fait l’industrie minière de l’amiante au Canada est dans une situation financière catastrophique.

Le commerce
de l’amiante devient
un gouffre financier

Ce déclin est dû, d’une part à la reconnaissance tardive mais incontournable des dangers de l’amiante qui est maintenant interdit dans plus de cinquante pays et dont l’usage commence à être restreint par la loi même dans les pays les moins soucieux de la santé de leurs travailleurs et, d’autre part, à la concurrence d’autres pays producteurs d’amiante (Russie, Kazakhstan, Brésil) qui produisent l’amiante à un coût bien inférieur.

Le commerce de l’amiante a beau être un étendard du gouvernement canadien, il a cessé de rapporter de l’argent et devient un gouffre financier.
Le gouvernement québecois a beau avoir annoncé l’autorisation de prêt de 58 millions de dollars, il retarde depuis deux ans son octroi effectif, non pas à cause des dénonciations des spécialistes de santé, dénonciations que les gouvernements canadiens et québécois traitent avec un mépris ahurissant, mais à cause des implications financières désastreuses.

Les industriels de l’amiante canadiens ont beau former des cartels d’entraide, continuer à recevoir un soutien scandaleux du gouvernement canadien, ils ne sont plus en situation de justifier les cadeaux fiscaux, subventions déguisées obtenues jadis.

Le président de
la mine Jeffrey
pessimiste

Dans le journal québecois Le Soleil, Bernard Coulombe président de la mine Jeffrey s’inquiète de la situation.

Il avoue qu’il comptait sur LAB Chrysotile pour continuer à fournir les acheteurs d’amiante canadien en attendant que sa mine redémarre.

« On comptait sur eux jusqu’à la fin de 2013, la période où nous estimons pouvoir produire 200 000 tonnes de minerai par année. Mais là, c’est un peu comme si on remettait les clients entre les mains de nos compétiteurs de Russie, du Brésil et du Kazakhstan ! »

Le mouvement
pour l’interdiction
de l’amiante prend
de l’ampleur

La Thaïlande, un des gros clients du Canada pour l’amiante, prend le chemin de l’interdiction après notamment que la commission nationale de santé a demandé au gouvernement d’interdire l’utilisation et l’extraction de l’amiante.

En Inde, le principal client du Canada en matière d’amiante, le ministre du travail a déclaré que le gouvernement fédéral étudiait « l’interdiction de l’extraction et de l’utilisation de l’amiante chrysotile en Inde pour protéger les travailleurs et la population générale contre les expositions primaires et secondaires à l’amiante chrysotile »

L’OMS dénonce
les mensonges
de Monsieur
Baljit Chadha

Tout cela ne facilite pas le travail de lobbying de Baljit Chadha, l’homme d’affaire canadien, d’origine indienne, qui dirige la corporation Balcorp, exporte l’amiante canadien en Inde depuis plus de 15 ans, et souhaite ... racheter la mine Jeffrey, en partie à l’aide du prêt garanti par le gouvernement du Québec.

Mr Baljit Chadha a multiplié les déclarations où il répète ad nauseam les mensonges des industriels canadiens.

Fait rarissime ses déclarations ont été suffisamment grotesques pour lui valoir un rappel à l’ordre du porte-parole de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).


 

Au Canada, l’opposition à l’amiante grandit

L’opposition au commerce immoral de l’amiante devient très importante au Canada.

Le NPD qui est devenu le principal parti d’opposition a proposé récemment, au parlement canadien, une motion demandant l’interdiction de l’amiante au Canada, l’inclusion de l’amiante sur la liste des produits dangereux prévus par la Convention de Rotterdam ainsi que la mise en place d’une politique sociale de reconversion.

La motion n’a finalement été rejetée qu’à une courte majorité : 152 voix contre 123.


Article tiré du Bulletin de l’Andeva No 38 (janvier 2012)