Vous avez tenu une assemblée générale à Casale Monferrato le 7 décembre.

Il y avait de 350 personnes. La salle était pleine. Le maire était absent.

Quelles sont les raisons de cette absence remarquée ?

Le milliardaire suisse Schmidheiny, a proposé 18 millions d’euros à la commune de Casale Monferrato pour qu’elle se retire du procès et s’engage à ne plus jamais se porter partie civile dans aucun procès à l’avenir.

L’assemblée unanime a demandé à la commune de refuser la proposition et en tout cas d’attendre le jugement pour y répondre. Mais Schmidheiny avait fixé une échéance. Le maire était pressé d’accepter cet argent. A n’importe quel prix.

Il a d’abord dit que l’argent servirait à financer « le développement de Casale ». Il dit maintenant qu’une partie servira à « la recherche sur l’amiante » et qu’il n’y a « pas une minute à perdre » pour sauver des vies...

Les institutions locales vous avaient soutenu jusqu’ici.

Oui, mais depuis les dernières élections la majorité a changé. Depuis février nous n’avons eu aucun contact avec la nouvelle administration régionale.

Elle ne convoque plus de réunion du Centre régional amiante. C’est une situation très grave, qui révèle une insensibilité aux problèmes de santé publique.

Comment a été prise la décision d’accepter l’offre de Schmidheiny ?

Elle a été prise à trois heures et demie du matin après un conseil municipal houleux qui s’est tenu sous la protection de la police. Des centaines de victimes étaient là. L’atmosphère était tendue. On a frôlé l’affrontement physique. Nous avons demandé au maire, Giorgio Demezzi de ne pas signer ce « pacte avec le diable ». Après six heures de réunion, l’acceptation de l’offre a été votée par le conseil municipal.

Quelles sont les conséquences de cette décision ?

Du point de vue moral l’impact est terrible. Dans une ville qui a connu tant de maladies et de morts, accepter cette offre c’est insulter leur mémoire. Pour les victimes c’est une humiliation et une souffrance.

Cela dit, cette proposition est tardive. Il n’est pas certain qu’elle change substantiellement le résultat du procès. Les victimes restent partie civile. Les charges contre les dirigeants d’Eternit restent accablantes.

Qu’avez-vous prévu pour le 13 février, jour où le tribunal rendra son jugement ?

Ce sera un jour historique. Les victimes et les familles l’attendent depuis si longtemps...

Nous organiserons une importante mobilisation en invitant tous ceux qui nous ont soutenus à y participer.

La jeunesse scolarisée sera présente. Il y aura aussi des délégations internationales.

_____________________________

Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°38 (janvier 2012)