En novembre dernier les ministères de l’Ecologie et du Travail ont annoncé de nouvelles mesures de prévention du risque amiante en milieu de travail :

C’est la microscopie électronique qui sera utilisée pour contrôler les niveaux d’empoussièrement (META).

La valeur limite d’exposition (VLEP) sera fixée à 100 fibres par litre (en META), puis descendra à 10 fibres par litre dans trois ans.

La dualité amiante friable / non friable sera supprimée du Code du Travail.

La certification des entreprises sera étendue à toutes les activités de retrait et d’encapsulage de matériaux qui contiennent de l’amiante

L’efficacité des protections individuel-les et collectives ainsi que leurs conditions d’utilisation seront vérifiées en tenant compte des niveaux d’empoussièrement.

Dans l’attente des nouvelles dispositions la Direction générale du travail « recommande une élévation des niveaux de prévention à mettre en œuvre sur les chantiers selon le guide ED 6091 de l’INRS récemment réactualisé ». *

Comment protéger efficacement les salariés ?

Les résultats des mesures par META sur les chantiers amiante sont inquiétants. L’importance des niveaux d’empoussièrement pose aux préventeurs des questions, dont certaines restent à ce jour sans réponse.

Le gouvernement a annoncé son intention de fixer début 2012 la valeur limite d’exposition en milieu professionnel (VLEP) à 100 fibres par litre en META et de l’abaisser à 10 fibres par litre en 2015.

Or l’utilisation de certaines techniques sur des matériaux comme le plâtre amianté génère des niveaux d’empoussièrement moyens dépassant les 100 fibres par litre en META !

Comme le reconnaît la Direction générale du travail elle-même, « pour les situations de retrait les plus émissives (empoussièrement égal ou supérieur à 25 000 fibres par litre) les moyens de prévention habituels ne permettent pas, dans l’état actuel de la technique, de garantir le respect de la VLEP de 0,1 fibre par centimètre cube sur une heure prévue par le code du travail » *

Ce constat alarmant confronte les préventeurs à des questions graves, urgentes et incontournables.

Quelles techniques utiliser pour quels matériaux ?

Interdire ces techniques jusqu’à nouvel ordre, différer certains travaux, repenser dans certains cas le choix entre retrait et encapsulage, utiliser chaque fois que possible des modes opératoires mécanisés sans présence humaine…

Le risque est maintenant identifié. Il faut prendre des mesures immédiates si l’on veut éviter de mettre les opérateurs en danger, mais aussi fixer un plan de travail à long terme pour élaborer et perfectionner des solutions techniques.

Quelle efficacité pour les protections individuelles ?

On ne fera pas non plus l’économie d’une réévaluation de l’efficacité des masques existants sur le marché.

Les coefficients de protection avaient été fixés sur la base de mesures en laboratoire réalisées en microscopie optique sur des mannequins. 
L’évaluation devrait être refaite en microscopie électronique, en prenant en compte la protection réelle de l’opérateur en situation de travail.

Pourquoi attendre 3 ans pour passer à 10 fibres par litre ?

Dans l’attente de la sortie des nouveaux textes la Direction générale du travail « recommande une élévation des niveaux de prévention à mettre en œuvre ».

L’expérience montre que les employeurs ne prennent des mesures de prévention que lorsque la loi les y oblige. Si l’on fixe un délai de trois ans assorti de simples recommandation, la plupart attendront le dernier moment pour se mettre en règle. Ils n’anticiperont pas.

Il importe donc de raccourcir le délai de passage à une VLEP de 10 fibres par litre en microscopie électronique, quitte à adopter une démarche spécifique pour les situations à très haut risque identifiées par la récente campagne de mesures.

* Circulaire de la DGT du 23 novembre 2010 (mesures à mettre en œuvre en matière de prévention de l’exposition)


Articles tirés du Bulletin de l’Andeva N° 38 (janvier 2012)